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3 octobre 2020

les négociations ben bella – FFS de 1965 (Maquis de kabylie) : l’ombre de Omar Oussedik

les négociations ben bella – FFS de 1965 (Maquis de kabylie) : l’ombre de Omar Oussedik
LE COMMANDANT AZZEDINE 16 DÉCEMBRE 2012 À 10 H 00 MIN 64
Le même jour, l’ancien secrétaire d’Etat à la Guerre, au sein du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) entre 1958 et 1960, qu’il avait été, recevait une convocation de la part du président de la République, Ahmed Ben Bella, en personne. Le chef de l’Etat lui demandait de surseoir instamment à la mission qui lui avait été confiée par le ministre des Affaires étrangères et donc de renoncer au périple asiatique. Omar Oussedik qui ne s’étonnait de rien, connaissant parfaitement le personnel politique de l’époque et même d’après, et son goût particulier pour l’improvisation, n’a pas sourcillé quand Ahmed Ben Bella le chargeait d’une tâche délicate d’entre toutes, auprès des responsables du Front des forces socialistes (FFS).
Le lendemain donc, Omar Oussedik se rendit auprès de son supérieur pour l’informer du changement de programme. «Le Président m’a chargé d’une mission et toi d’une autre, il faudrait peut-être voir pour vous accorder», lui dit Omar, connaissant d’avance la réponse de son hiérarque.
– Il est le chef de l’Etat, tu obéis, lui fut-il répondu, non sans une pointe acide de fatalité
– OK. l’Asie attendra donc, dit Omar accommodant.
Ce dernier devinait que Bouteflika était intrigué par la décision de l’envoyer, lui qu’il savait pourtant habile négociateur vers le FFS, de surcroît un Kabyle et en plus un des tout premiers maquisards qui avait hanté les crêtes du Djurdjura. Omar était en effet l’hôte des maquis kabyles depuis 1945. On le surnommait «vouthkelmount», (l’homme au capuchon).
Sans avoir l’air d’y toucher, mais très attentif à la réponse qu’il allait lui donner, Bouteflika s’inquiéta :
– Quel est son objectif ?
– Son objectif ?
– Oui. Quel but poursuit le Président en t’envoyant chez les gars d’Aït Ahmed. D’autant que celui-ci a été arrêté, jugé et condamné et qu’il attend, maintenant en prison, son exécution
-C’est évident qu’il veut stopper définitivement le FFS, ou du moins ses résidus qui présentent encore une capacité certaine de nuisance. Autrement dit, il a besoin d’un curetage politico-militaire pour arriver à la Conférence afro-asiatique à la tête d’un pays apaisé, calme, stable, tranquille et un peuple uni autour de sa personne… Ce n’est qu’après qu’il s’occupera de vous…
– Qu’est-ce qui te fait penser «qu’après il s’occupera de nous ?»
– Dans son esprit c’est réglé comme du papier à musique, répondit Omar avant de lui rappeler : il a liquidé le GPRA, les wilayas, toutes les personnalités qui pouvaient présenter une gêne quelconque, telles que Khider, Bitat, Boudiaf, Krim, etc. Maintenant, il veut en finir avec le FFS et calmer les Kabyles. Il ne lui restera plus que l’ANP. C’est donc votre tour qui s’annonce.
Bouteflika relève la tête et se cale dans son fauteuil ministériel, en regardant droit Oussedik, il lui demande :
– Et toi ?
– Comment moi ?
– Qu’est-ce que tu vas faire ?
– Il m’a demandé de contacter les gars du FFS, je vais donc aller à Paris pour…
– Je ne parle pas de ça… Est-ce que cela signifie que tu prends position contre nous ?
– Oussedik feint de n’avoir pas bien saisi :
-Comment ça contre vous ? Qui vous ? N’êtes-vous pas ceux qui l’avez amené et installé là où il se trouve ? C’est vous qui le protégez.
Mais depuis quelque temps il voit en vous une menace. Alors de deux choses l’une, ou bien il vous écarte et il restera seul avec des pouvoirs incommensurables, et il lui sera facile de vous «liquider», ou alors vous le devancez et là, bien évidemment, vous sauvez votre peau. Sans parler des nouvelles perspectives qui s’ouvrent devant vous. Pour ce qui concerne la mission dont il m’a chargé, n’êtes-vous pas tous unis contre le FFS ?
C’est ainsi que Omar Oussedik se rendit à Paris où il s’est mis, dès son arrivée, en quête de Slimane Dehilès (dit Si Sadek). Il connaissait bien le colonel Si Sadek, qui avait succédé, en 1957, à Amar Ouamrane à la tête de la Wilaya IV. Le commandant Omar Oussedik (Si Tayeb) avait été un de ses meilleurs cadres. Mais son ancien officier demeurait introuvable ou du moins intouchable, «couvé» qu’il était par une sa garde prétorienne et d’autres qui voulaient à tout prix, pour des raisons avouables ou non, empêcher la rencontre entre les deux hommes.
Mais usant de ruse et de roublardise, il parvient à son but. Aussitôt l’entrevue concrétisée et comme un boxeur qui veut «kaoter» son adversaire dès le premier round, Omar n’y va pas par quatre
chemins : «Ben Bella et Boumediène vont s’affronter à couteaux tirés jusqu’au finish. Mais il veut, avant cela, en finir avec vous. Autrement dit crever l’abcès.» Si Sadek est cueilli à froid par le jab d’Oussedik.
– Et alors ?
– Et alors… Et alors… Tu ne penses pas qu’il vaut mieux pour tout le monde que vous vous arrangiez afin qu’ils aient enfin leur match ?
Le cadre du FFS savait parfaitement à qui il avait à faire. Il connaissait depuis longtemps le redoutable politicien qu’il avait en face de lui. C’est la raison pour laquelle il lui donnera carte blanche pour contacter ses amis encore restés dans les maquis en Algérie.
Au sixième jour, Omar rentrera à Alger. Rencontrant Bouteflika, il lui transmettra les «salutations cordiales de chaïb rass» (chauve).
– Tu es en train de faire du marketing «ya Si Omar! ».
Je ne saurai dire si l’émissaire de Ben Bella et l’ancien proche de Boumediène ont échangé d’autres propos, ou si le second voulait en savoir plus quant aux résultats de la mission du premier. Quoiqu’il en fut, le rapport que fit ensuite Omar Oussedik, au siège de la Présidence, à la villa Joly, de sa visite parisienne et de sa rencontre avec Si Sadek avait de quoi apaiser les craintes du chef de l’Etat et, bien plus, de le tranquilliser quant aux intentions politiques du chef du FFS : «Il te dit son souhait que la Conférence afro-asiatique réussisse». Il faut, m’a-t-il confié que : «Ben Bella parle au nom de tout le peuple algérien.»
Il demande, en retour, une solution qui puisse garantir la dignité de tous les militants qui se trouvaient dans l’opposition. «Ce qui nous intéresse au plus haut point : c’est la Révolution», m’a assuré le colonel Si Sadek.
Ben Bella, qui se trouvait avec Ali Mendjeli, a bien évidemment écouté avec une attention toute particulière le rapport d’Oussedik. Les deux hommes ont reçu le message avec une certaine émotion complimentant à l’unisson l’ancien colonel de la Wilaya IV pour son «patriotisme» et son sens «des intérêts de l’Etat».
Sans perdre de temps, dès le lendemain de son retour en Algérie, Omar accompagné de Salah Chellik, un ami commun à Si Sadek, se rendirent dans la région de Tizi Ouzou où ils avaient rendez-vous avec Si Abdelhafid Yaha. Ce dernier est un maquisard de la première heure de la Wilaya III. Il était, avec la création de la rébellion du FFS, le responsable des maquis.
Omar Oussedik, fort de la carte blanche que lui avait donnée le colonel Si Sadek lors de leur rencontre parisienne, n’a pas eu beaucoup de mal à convaincre Abdelhafid Yaha, que malgré sa position de médiateur, il penchait plutôt de son côté.
C’est ainsi que le jour même, vers 17h, un passeport a été délivré à Si Abdelhafid par les autorités de Tizi Ouzou. Toutefois, Omar Oussedik a refusé de se rendre à Alger de peur de tomber sur un barrage militaire. D’autant plus que vis-à-vis de l’armée, Si Abdelhafid était toujours considéré comme «un hors-la-loi». Après un nouveau compte rendu de mission au président de la République, Omar a été autorisé à se rendre, en compagnie de Si Abdelhafid, dans la capitale française, afin d’y rencontrer Si Sadek. Une délégation a été constituée et désignée par Ben Bella. Elle était composée de trois personnalités : Si Zoubir Bouadjadj, membre des 22, Aït Hocine membre du Bureau politique (BP) et Mohamed Lebjaoui, ex-membre suppléant du 1er CNRA, issu du Congrès de la Soummam. Au-dessus de toute autre considération politique, il faut dire que Omar Oussedik souhaitait de toutes ses forces que la guerre se termine en Kabylie.
Pour cela, il a employé tous les moyens possibles et imaginables afin d’y parvenir. Prenant en aparté Aït Hocine, membre du BP, il lui
confie : «Ecoute, tu es membre du BP, tu es originaire de la Kabylie, il faut que toute la région t’accorde sa confiance et t’apporte son appui. Pour cela, il est nécessaire que tu préserves la dignité des gars du FFS et tu verras, tout le monde sera derrière toi.» Galvanisé par les assurances de Omar, Aït Hocine s’engage dans la démarche que lui proposait l’ancien commandant de la Wilaya IV.
Puis ce fut au tour de Zoubir Bouadjadj de rencontrer en tête-à-tête Oussedik qui lui dit :
-Toi, tu es un homme du 1er Novembre ?
– Bien-sûr
-Les compagnons avec qui tu es aujourd’hui sont arrivés bien après n’est-ce pas ?
– Oui
-Si Sadek et Abdelhafid sont du 1er Novembre comme toi. Est-ce que tu peux accepter que des gens comme ça rentrent la tête basse et l’air confus ?
-Ah ça non !
Omar s’est gardé de la même démarche avec Mohamed Lebjaoui. Ces trois hommes, militants de la première heure, avaient été choisis par Ben Bella. La délégation du FFS était composée de Si Sadek, Si Abdelhafid, Mohand Akli Benyounès dit «Daniel», ancien responsable zonal de la Fédération de France, et de «Rouget» un gars de Jijel. La négociation s’est déroulée dans l’appartement de Me Mourad Oussedik,
un avocat du Collectif des défenseurs du FLN à Paris, un cousin de Omar et qui, comme lui, n’était pas impliqué politiquement avec l’une ou l’autre des parties. Après plusieurs heures de pourparlers, Omar s’adresse aux plénipotentiaires de Ben Bella :
-Il faudrait que tous ceux qui sont morts des deux côtés soient considérés comme des martyrs
-D’accord
-Que leurs veuves et leurs enfants touchent une pension
-D’accord
-Il faut que tous les détenus soient libérés
-D’accord
-Il faut que tout le monde reprenne son travail
-D’accord
-Ceux qui ont été nationalisés reprendront leurs biens
-D’accord.
Puis à la fin, Omar demande la rédaction d’un communiqué commun pour sceller les travaux. Lebjaoui répond : «Je pense que ce n’est pas nécessaire, le FFS va lancer un appel résumant les pourparlers et les points d’accord et, de son côté, le FLN en fera autant et lancera son appel et tout le monde sera content.»
Omar répond : «Non, des chefs d’Etat vont arriver, il faut rassurer tout le monde.»
-Ni Sadek, ni Benyounès, ni Abdelhafid, ni Rouget ne voient l’utilité du communiqué commun, rétorque Lebjaoui.
Omar se retourne vers Zoubir et Aït Hocine et leur dit :
-N’est-ce pas qu’un communiqué commun est nécessaire ?
-Bien sûr qu’il faut ce communiqué commun. Nous souhaiterions à cet effet que tu le rédiges Omar.
Stylo en main, ce dernier s’est mis sur- le-champ devant une feuille : «Le FLN et le FFS décident de mettre fin aux hostilités et appellent tous les militants révolutionnaires à se mobiliser pour la lutte contre la contrerévolution, etc. »
Omar rentre à Alger en compagnie de Abdelhafid Yaha et Mohand-Akli Benyounès. Dix mois auparavant, Omar Oussedik avait intercédé en ma faveur ainsi que de Boualem Oussedik, ancien officier de la Wilaya IV et ancien député de la Constituante, alors que nous nous trouvions en résidence surveillée, moi à Tamanrasset et Boualem à Timimoun. Omar Oussedik avait émis le vœu de nous accueillir à Sofia, où il était ambassadeur, tout en se portant garant. Ben Bella lui avait répondu : «Viens me voir dans huit jours.»
Lorsque Omar s’est rendu au rendez-vous fixé, Ben Bella sur le pas de la porte de son bureau le refroidit :
-Qu’est-ce que tu viens faire ?
-C’est pour votre réponse au sujet de Boualem et Azzedine
– Je n’ai rien à dire, ajoutant du haut de son autoritarisme : «fout le camp !»
Omar après en avoir informé Bouteflika lui demande d’allonger un peu son congé. Ce dernier lui a dit : «Va à Cannes, va à Nice, va dans n’importe quelle boîte de nuit, mais va-t-en ! Tu t’imagines un ambassadeur arrêté, ça va être le premier du genre, et moi ce genre de publicité, je n’en veux pas ! »
Omar ne se l’est pas fait répéter. Dare-dare, il a pris le premier vol venu et m’avait-il avoué, «c’est en survolant la péninsule italienne, que je me suis senti hors d’atteinte de la vindicte présidentielle».
Pourtant lorsque Omar était revenu de Paris avec l’accord de Si Sadek, et avant d’aller au maquis pour contacter les militants du FFS, profitant de cet avantage, il est revenu à la charge et a redemandé à Ben Bella notre libération.
Ben Bella, cette fois-ci, lui a répondu sur un autre ton et d’une autre manière, plein de déférence : «Ne t’inquiète pas, je te les donne et puis pourquoi je vais les garder, ce sont des militants après tout.»
C’est à Paris, pendant les négociations FLN/FFS, dont j’ai rendu compte précédemment, que Omar reçut un coup de téléphone qui l’a informé de notre libération. «Azzedine sera à Alger tel jour, à telle heure.»
Omar appelle Salah Chellik : «Va à l’aéroport et dit à Azzedine de ne rien déclarer à la presse, de se taire et surtout ne le lâche pas d’une semelle, car je connais cette tête de mule. Qu’il m’attende, j’ai beaucoup de choses à lui dire.»
Au retour de Omar de Paris avec les gens du FFS, il vint me voir et m’informer que la situation évolue «positivement», je compris qu’il voulait dire que «ça va éclater» et qu’«il poussait dans ce sens».
Il m’a dit également que sa préférence allait «vers les militaires plutôt qu’à Ben Bella».
«Cet homme est machiavélique», me dit mon ami, «il a accédé à ma demande de te libérer, mais il a gardé Boualem dans ses geôles. C’est un moyen pour lui d’exercer des pressions sur nous».
Pour l’anecdote, quelque temps avant le 19 juin, Mustapha Fetal, qui était alors le préfet de police de Ben Bella, s’était rendu à Timimoune afin de sonder les détenus Amar Bentoumi, ancien ministre de la Justice et Boualem Oussedik. Fetal a demandé à Boualem pour avoir son point de vue : «Qu’en penses-tu, quel est ton avis ?» Boualem a répondu que pour ce qui le concerne, il se trouvait «très bien à Timimoun».
Omar en rentrant à Alger, avec la délégation du FFS, a rencontré Aït Hocine à l’aéroport et lui a dit : «Je n’ai pas de message spécial à transmettre au Président, tu as bien constaté que Si Sadek a été plus que chaleureux et il n’a pas changé d’avis. Pour ma part, je vais rejoindre mon poste d’ambassadeur et ce serait bien que ce soit toi qui fasses le compte rendu. Après tout, tu es membre du BP.» Cette suggestion a plus que convenu à Aït Hocine, qui n’en demandait pas plus.
Omar se rend auprès de Bouteflika et lui présente le communiqué signé par les délégations du FFS et du FLN. Communiqué qui avait été rendu public le jour même. A la vue du document, il fit un bond que lui aurait envié l’athlète soviétique Valéry Brumel, alors champion du monde de saut en hauteur :
-Quoi ? Un communiqué commun avec une organisation illégale ?
-Oui, répondit Omar imperturbable feignant de n’avoir pas remarqué l’étonnement de son ministre.
-Mais Omar, c’est contre le principe du parti unique !
-Avant de partir d’ici, et tu le sais, je t’ai dit que je ne suis pas concerné par le FLN. J’ai des amis en face et mes amis, je les défends. J’ai réussi à faire passer le communiqué commun à ton membre du BP, j’ai eu aussi Lebjaoui. C’est moi qui ai poussé à la confection et l’adoption du principe du communiqué commun et je l’ai fait pour mes amis, parce que leur dignité me concerne et je m’en suis senti responsable
-Je ne peux te blâmer pour ça. Bien au contraire, je voudrais compter sur ton amitié dans des moments difficiles, lâcha Bouteflika.
-Jusqu’à présent, nous nous entendons bien. De plus, mon amitié t’est acquise. Et Omar d’ajouter : -Mais à cette condition, laquelle me paraît du reste une évidence… il est nécessaire que cette entente repose sur la réciprocité.
-Est-ce que Si Sadek a changé d’opinion ? S’enquit Bouteflika.
– Non.
Désireux d’approfondir la conversation, le MAE de Ben Bella invite Omar : «Ecoute, pour une discussion plus sérieuse, je te propose que nous allions chez moi.» En se rendant à l’appartement de Bouteflika, sur les hauteurs de la ville, Omar passa me prendre pour aller à son rendez-vous. Une conversation longue, qui allait durer quatre heures environ, s’est engagée. Nous serons rejoints plus tard par Chérif Belkacem, premier questeur de l’Assemblée constituante, membre du Comité central du FLN et ministre de l’Orientation nationale. Il était accompagné de Kaïd Ahmed, ministre du Tourisme, démissionnaire mais toujours député à l’Assemblée. Je connaissais bien Kaïd Ahmed, puisque nous étions tous deux adjoints de Boumediène, avec Ali Mendjeli, à la tête de l’état-major général durant la guerre de Libération. Le troisième personnage, qui arriva vers la fin de notre conversation avec Bouteflika, était Ahmed Medeghri, un autre proche de Boumediène, plutôt très discret et qui occupait la fonction de ministre de l’Intérieur et a également démissionné publiquement en 1964, pour marquer son opposition à la politique de Ben Bella.
Dès que nous nous sommes retrouvés chez lui, Bouteflika, avide de connaître l’opinion de chacun sur la situation qui prévalait, posait une question sur une autre. J’avais l’impression que parfois il savait à l’avance ce que nous allions lui dire.
– Comment voyez-vous la situation ?
C’est Omar Oussedik qui analyse avec cette précision le caractérisant :
-Maintenant les choses sont très claires. Vous allez être arrêtés le 25 juin, autrement dit le jour de l’ouverture de la Conférence afro-asiatique. Ben Bella va se lever pour dire : «Un complot vient d’être déjoué, l’armée est impliquée, les responsables sont Boumediene, Bouteflika, Kaïd Ahmed, Chérif Belkacem et d’autres…»
-Quels sont tes éléments d’information ?
-Voilà, l’armée égyptienne a renforcé ses positions à Boufarik (base de l’aviation militaire), de plus, il y a une partie de la marine de Nasser qui se dirige sur Alger en provenance d’Alexandrie pour soi-disant, une visite officielle…
Je précise que durant les quatre heures de discussion, notre hôte avait mis de la musique classique afin d’empêcher ou de parasiter les écoutes éventuelles.
Omar poursuivit son intervention par une description des forces en présence et des réactions probables :
-Commençons par la Wilaya III : elle ne bougera pas pour défendre Ben Bella. Il en sera de même pour la Wilaya II, ainsi que la wilaya IV. Quelques réactions peut-être en Wilaya V, mais sporadiques et velléitaires, bref, sans grande importance. Quant à la wilaya VI, elle ne bougera pas pour les raisons que tu sais : le colonel Chaâbani ayant été exécuté. Khider, en exil genevois, multiplie les déclarations hostiles au Président ainsi que les multiples arrestations de militants. La Wilaya I ne bougera pas aussi. En revanche, le danger viendra d’Alger. Vous n’y avez pas de base populaire. Et si Alger bouge, attention, il y a risque de propagation.
– Et alors ?, s’inquiéta Bouteflika.
– Alors, la meilleure façon de faire échouer son complot et de le renverser, c’est d’aller au-devant des demandes du FFS et d’appliquer honnêtement les accords conclus. Il faut aussi commencer par dégager les troupes de l’ANP se trouvant en Kabylie.
-Je voudrais vos numéros de téléphone, nous demanda le ministre des AE.
Après cette rencontre Omar et moi avons dîné à El Biar, puis nous nous sommes dirigés chez Bachir Boumaza, membre du BP du FLN et à la tête d’un super ministère depuis 1963, qui regroupait l’Economie, les Finances, le Commerce et l’Industrie. Ce dernier était l’homme du Président, mais Ben Bella a voulu le relever de son poste au profit de Medeghri. Ce dernier a refusé tout en le faisant savoir à Bachir Boumaza. Celui-ci avait déclaré à Omar Oussedik : «Si jamais on m’apprend qu’il y a une embuscade qui est montée contre Ben Bella, même si je suis dans le convoi, et au risque de laisser ma peau, je ne l’avertirai pas.»
Pour la petite histoire, pendant mon séjour forcé à Tamanrasset où j’avais été expédié par Ben Bella, pour des raisons que j’ignore encore, Bachir Boumaza s’était montré d’une grande correction avec ma famille, et il a même délivré à ma sœur un billet d’avion gratuit avec une autorisation de me rendre visite dans la capitale du Hoggar. Malgré certaines divergences politiques, je lui ai toujours été reconnaissant pour ce geste humanitaire.
Pour revenir à notre propos, nous arrivons donc chez Bachir Boumaza, ce dernier a été d’une très grande franchise avec moi en me disant : «Lorsque tu as été arrêté, je n’ai pas bougé le petit doigt pour ta libération, mais aujourd’hui je suis heureux de te voir.»
Le 11 juin 1965, un peu plus d’une semaine avant le coup d’Etat, Ben Bella après avoir reçu un président africain à Tamanrasset a demandé à me voir en me disant entre autres : «Ce sont tes anciens amis de l’EMG (état-major général), qui m’ont induit en erreur. Mais une fois à Alger, je réparerai ça.» De toute évidence, il voulait comme on dit «me mettre dans sa poche».
Quand nous avons donc rencontré Bachir Boumaza à son domicile, quelques jours avant le 19 juin, nous avions eu une petite discussion alors qu’il s’apprêtait à sortir, et il nous posa quelques questions. Il voulait avoir des nouvelles des gens du FFS : «Comment va Si Sadek ? Quel est votre sentiment sur la situation ? Car moi cela fait quelques jours que je n’ai pas vu Ben Bella.»
Encore une fois, Oussedik s’est collé au débriefing : «Le colonel va bien et il te salue. J’ai beaucoup de choses à te dire. Il y a quelques jours, nous avons vu les frères Bouteflika, Chérif Belkacem, dit Si Djamel, Medeghri et Kaïd Ahmed. Je ne te retiens pas, va à ton rendez-vous mais n’oublie pas que Ben Bella a voulu te sacrifier pour faire plaisir aux militaires.»
Je constatais qu’il portait une arme de poing au ceinturon et que sur lui veillaient 18 miliciens, tous de sa région (Kherrata), prêt à faire feu pour le protéger.
De sa voix rocailleuse, Boumaza prévenait :
-Ça va chauffer, il va y avoir de la casse, faites attention.
Après cette discussion, Omar se tourne vers moi et me dit : «Essayons de disparaître.» Omar s’est orienté vers La Casbah et moi je suis tout bonnement rentré à la maison.
Le 19 juin vers 3h du matin, Bouteflika téléphone en vain à Si Omar. Celui-ci vient me prendre à 6h du matin. D’un commun accord, nous décidâmes de nous rendre aux Affaires étrangères, mais afin de prendre la température de la ville, nous prenons le chemin des écoliers à travers Alger qui s’éveille en cette splendide journée de juin. Voici la place des Martyrs, puis le square Bresson, fraîchement rebaptisé Port-Saïd par Ben Bella, lors de la première visite de Gamal Abdenasser dans notre capitale. Nous avons ensuite gagné la Grande-Poste, puis le siège de la Radio nationale. Partout les blindés de Boumediène et du Conseil de la Révolution avaient pris position. La radio serinait toutes les heures le communiqué militaire n°1et les appels au calme.
Puis nous sommes passés chez Abdelmadjid Benaceur, nous lui avons dit de prendre ses précautions et de quitter sa maison, puis de là, nous nous sommes dirigés vers le ministère des AE. Bouteflika était là.
Plutôt content que surpris de nous voir, Bouteflika invite Omar à faire partie du comité de rédaction du communiqué qui allait proclamer la prise de pouvoir par le Conseil de la Révolution, que devait lire au 20 heures son président, le colonel Houari Boumediène.
-Pas de problème, accepta Omar, mais, ironisa-t-il, vous avez déjà une équipe merveilleuse occupée à préparer le discours d’ouverture de Ben Bella pour la Conférence des chefs d’Etat.
Bouteflika passe un coup de téléphone. Hadj M’hamed Yala, ancien ambassadeur à Conakry (1963) et à Pékin (1964), et Abdelmalek Benhabylès, ancien secrétaire général du MAE (1963-1964), puis ambassadeur au Japon (1964- 1967), qu’on surnommait «Socrate», voient arriver vers eux les militaires, croyant que c’étaient en liaison avec leurs écrits. Bouteflika les reçoit et leur dit : «Il faut faire un appel. Ils ont rédigé le discours (seuls ou avec d’autres ?).»
En sortant de chez Bouteflika, on apprend qu’il y avait des foyers de résistance à Alger. Nous décidons de nous rendre auprès de Boumediène, lequel nous reçoit sur-le-champ.
-Omar : Tu as pris le pouvoir, félicitations, mais Alger résiste,
-Boumediène : et alors ?
– Omar : il faut maintenant que les motions de soutien arrivent,
-Boumediène : qui doit les faire ?
-Omar : la première doit être la Wilaya III,
-Boumediène : c’est une très bonne idée, si vous pouvez la mettre en application. Allez voir Kaïd Ahmed à la radio pour qu’il vous rétablisse le téléphone.
Mais revenons un peu en arrière, Omar avait réuni les gars du FFS et certains du FLN, lorsqu’il avait fait descendre les gars du maquis. Il leur avait dit, Ben Bella et Boumediène vont se déchirer à mort, je vous demande de protéger la Kabylie, elle mérite la paix. Ils ont pris l’engagement de laisser la Kabylie en paix.
Omar appelle Ahmed Zmirli, le préfet de Tizi Ouzou (les walis n’existaient pas encore), mais il était absent. Il appelle alors le responsable du parti, lui aussi n’était pas là, pas plus que le responsable de la milice ou le maire (délégation spéciale). Il tombe sur un petit responsable et Omar, après s’être présenté évidemment, demande qu’on lui envoyât quelqu’un de toute urgence. Moins d’une heure après qu’il eut raccroché, un homme se présente à Omar. Ce dernier lui remet un stylo et lui dicte la motion de soutien au Conseil de la Révolution, déclaration qui dénonce au passage le culte de la personnalité de Ben Bella, etc. Toutes les wilayas se sont alors cru obligées de suivre. Omar retourne ensuite voir Bouteflika et lui dit :
-Tu sais bien que la majorité de nos ambassadeurs sont des lèche-bottes de Ben Bella ?
-Oui bien sûr, répondit le MAE, connaissant parfaitement son personnel.
-Les ambassadeurs sont les représentants du chef de l’Etat, ils sont accrédités par le chef de l’Etat auprès d’autres chefs d’Etats. Sur le plan international, la meilleure façon de le liquider, c’est que les ambassadeurs retirent leur confiance à Ben Bella.
Omar, en tant qu’ambassadeur de l’Algérie auprès de la Bulgarie, rédige une motion de soutien de trois lignes. Mais ceux qui étaient réputés proches de Ben Bella ont écrit des demi-pages pour invectiver l’ancien chef de l’Etat.
Puis vint le drame de Annaba. Les manifestations populaires hostiles au putsch ont été durement réprimées et l’on a compté 4 morts, selon un bilan officiel.
Les «Ben Bellistes» ont fait circuler l’idée que le chef de l’Etat déchu «est un nationaliste qui s’était élevé contre le régionalisme». Que son renversement est intervenu à cause de «son accord avec les Kabyles», que cette armée est «une armée de division». Les initiateurs de la manifestation étaient convaincus qu’elle allait faire boule de neige.
Un chauffeur en provenance de Annaba apporte des nouvelles fraîches à Omar. Ce dernier en informe Boumediène de vive voix.
-Tout cela parce que tu n’as pas appliqué les décisions, celles de libérer les gens du FFS, lui reprocha Oussedik.
-J’ai donné ordre dans ce sens au ministre de la Justice.
-Il ne l’a visiblement pas appliqué.
Boumediène prend le téléphone et appelle Mohamed Bedjaoui, ministre de la Justice (1964-1971) :
-Qu’attends-tu pour libérer les militants du FFS ?
-Monsieur le Président, je prépare une loi d’amnistie, répondit le ministre respectueux des formes.
-Ta loi d’amnistie mets la où je pense. Tu es ministre, je te donne un ordre, es-tu prêt à l’exécuter, si tu n’es pas prêt, tu sors de ton bureau, je place quelqu’un qui les libère, répliqua Boumediène.
-Non, Monsieur le Président, ils seront libérés
-Tu avertis immédiatement la prison de Berrouaghia, ajouta-t-il avant de raccrocher le combiné.
-Omar avait écouté en silence l’admonestation, puis avant de prendre congé il demanda :
-Maintenant, est-ce que je peux aller voir Medeghri ?
-Tu as ma confiance, lui répondit le nouvel homme fort de l’Algérie.
Omar s’en va donc voir Medeghri et lui demande d’appeler le préfet de Médéa, pour lui demander de mobiliser tous les moyens de locomotion, taxis, autobus, camions. Il faut que les détenus de Berrouaghia arrivent ce soir à Alger. C’est ainsi que
2625 détenus furent libérés. Pendant ce temps, à Timimoun, Boualem Oussedik, toujours en résidence surveillée, était en train de conseiller au sous-préfet et au préfet de la Saoura de rédiger des messages de soutien à la nouvelle direction de l’Algérie. Ces responsables, hésitants, attendaient chaque jour de voir si la nouvelle situation était irrémédiable et si l’on ne s’acheminait pas vers un renversement de situation. Boualem Oussedik les prévenait : «Attention, chaque minute compte, vous prenez des risques en perdant du temps.»
Deux jours après, Omar s’en retourne voir Boumediène et l’informe que Boualem Oussedik se trouve toujours en résidence surveillée et que sa famille le tarabuste, pour qu’il obtienne sa libération.
Boumediène a demandé à la direction de la région militaire de s’occuper de ce cas, et de faire en sorte à ce que Boualem soit acheminé vers Alger par les moyens les plus rapides. Un avion a été mobilisé à cet effet.
Quelques heures après son arrivée, il lui a été demandé comme échange, s’il lui était possible de faire un communiqué de soutien à la junte.
Si Boualem s’y est volontiers plié et a déclaré qu’il adhérait «au programme figurant dans la déclaration du Conseil de la Révolution».
Par téléphone, le nouveau pouvoir demande à Omar de se préparer pour partir en Afrique, maintenant que Boualem est rentré chez lui, et de se rendre à la Présidence avec moi. Nous y trouvons Boumediène en compagnie de Bouteflika. Boumediène s’adresse à Omar :
-Tu disais qu’Alger est la région la plus sensible
-Je le pense toujours et les faits me donnent raison
-Ta mission en Afrique, peut attendre, je souhaite que vous vous occupiez de la zone d’Alger.
Boumediène voulait mettre à profit notre parfaite connaissance de la capitale, connaissance acquise notamment pour avoir dirigé la deuxième Zone autonome d’Alger et notre lutte acharnée contre les tueurs de l’OAS.
En sortant de chez lui, nous avons contacté les militants de la ZAA. En commençant par Si Mohamed Flici, qui avait été responsable du secteur de Saint-Eugène. Après avoir approché son staff, un communiqué de soutien au nouveau pouvoir a été adressé et communiqué à la presse. Ce communiqué a fait tâche d’huile et s’est étalé sur toute la capitale et sa région. La Fédération d’Alger s’était effondrée.
Une lutte âpre, heureusement sans effusion de sang, s’était engagée entre nous et les éléments fidèles au désormais ancien régime. Car n’oublions pas que cette fédération était lourdement armée. Notre tactique a consisté à ouvrir des brèches dans les organisations de masse, afin de les amener à perdre du temps et à colmater les dégâts que nous leur avions causés, alors que le temps s’écoulait et que chaque heure pour ainsi dire, voyait le nouveau pouvoir se renforcer. Beaucoup de militants rejoignaient les rangs des nouvelles autorités, qui par conviction, qui par calcul, qui par peur, qui par intérêt tout simplement.
Un grand militant de valeur que nous aimions beaucoup, Rebah Lakhdar est venu nous voir. Il y a eu entre nous un débat contradictoire, mais fraternel, sans arriver à un accord, nous lui avions dit :
-Vous êtes courageux, nous sommes courageux, vous êtes des patriotes, nous sommes des patriotes, vous êtes capables d’appuyer sur la gâchette, nous aussi, vous êtes pour Ben Bella, nous sommes contre lui. Mais si vous voulez qu’on se donne en spectacle devant une population qui continue à nous respecter, nous ne commencerons jamais les premiers à tirer sur nos anciens compagnons d’armes, mais nous nous battrons.
Nous avons eu gain de cause, car sur le plan politique on avait raison, mais il n’y a pas de quoi bomber le torse face à des compagnons de lutte. Notre sentiment était que Ben Bella était tellement sous l’influence du président égyptien, que s’il était resté au pouvoir il aurait fait de l’Algérie historique un satellite de l’Egypte. Il faut dire que le temps était aux «mariages d’Etat à Etat» et que si nous avions poursuivi la politique des épousailles en vogue, l’Algérie aurait fini comme une simple étoile dans un drapeau qui n’était pas le nôtre, avec un autre hymne que Qassaman, dont la Constitution de 1963 soulignait «le caractère provisoire». Le coup d’Etat réussi, il y avait toujours deux hommes en prison : Aït Ahmed et Si Moussa Ben Ahmed.
Le pouvoir a demandé à Omar de rendre visite à Aït Ahmed pour le mettre au courant de la nouvelle situation, et des accords conclus entre le FLN et le FFS. Omar a refusé sans donner d’explication. Ce sont Mourad Oussedik et Abdelhafid Yaha qui ont pris la relève.
Après le 19 juin, Aït Ahmed, qui se trouvait à Lambèse, a été transféré vers la maison d’arrêt de Maison-Carrée. Après la libération des 2625 détenus FFS, Abdelhafid est allé voir Aït Ahmed en prison pour lui dire que les autorités demandent la restitution des armes.
La réponse d’Aït Ahmed est la suivante : «La première négociation a eu lieu avec Ben Bella au pouvoir, elle a abouti à l’accord que nous savons. Ce dernier est arrêté, il faut recommencer les négociations pour discuter de la composition du pouvoir.»
A bien comprendre, le leader du FFS désirait que sa formation soit membre du Conseil de la Révolution et que ses éléments participent au gouvernement. Abdelhafid retourne voir Omar et lui dit :
-Quand vont-ils libérer
Aït Ahmed ?
-Je ne sais pas, répondit Omar, mais c’est sûr qu’ils le libéreront
– Car il faut absolument qu’il sorte de prison
– Oui, mais si vous faisiez une chose
– Laquelle ?
-Voilà, exposa Omar, le FFS a été constitué en opposition à Ben Bella, qui avait accaparé tous les pouvoirs, instauré le pouvoir personnel et multiplié les abus. Maintenant que Ben Bella est écarté et mis en état d’arrestation, ne penses-tu pas qu’il faut envoyer un message pour dire que vous êtes prêts à ouvrir un débat politique avec le Conseil de la Révolution ?
Abdelhafid a répercuté la suggestion d’Oussedik à Hocine Aït Ahmed, mais celui-ci a répondu par la négative et a privilégié la proposition de reprendre la négociation sur la composition du Conseil de la Révolution.
Abdelhafid en fait part à Omar.
Ce dernier lui rappelle :
– Ecoute, quand je suis venu te voir au maquis et lorsque tu en es descendu, ne t’avais-je pas dis que ça allait éclater entre les deux parties
– Oui
-Je t’avais aussi dit que si vous ne tombiez pas d’accord, je m’engage à te ramener au maquis
– Oui, reconnut Abdelhafid.
-Ce que j’avais prévu est arrivé, maintenant tu es libre, l’accord, je ne te l’ai pas imposé. Il a eu ton aval, il a eu aussi l’aval d’Aït Ahmed. Si vous voulez revenir sur vos négociations, moi, je ne suis pas le pouvoir et cette fois-ci débrouillez-vous seuls. Reprenez les négociations vous-mêmes.
Abdelhafid a éclaté en sanglots en disant :
– Mais qu’est-ce qu’il veut cet homme, notre liquidation ou quoi ? On n’a pas la possibilité de reprendre les armes.
Pendant un bon bout de temps, Omar faisait traîner les choses avec Chérif Belkacem, membre du Conseil de la Révolution. Puis un jour, ce dernier téléphona à Omar en lui disant de venir avec Azzedine. Chérif Belkacem s’adresse à Omar en lui disant :
-A compter d’aujourd’hui, tu es déchargé des contacts avec le FFS. Tu enveloppes trop. Nous préférons, Boumediène et moi, que cela soit Azzedine qui prenne les choses en main.
Etant assis à côté de mon ami, celui-ci répondit du tac au tac, devançant ma réponse, que cela était un bon choix tout en me pinçant sous la table afin que je me taise.
Après avoir pris en charge l’affaire, nous avons appris que dans la délégation du FFS, il y avait une taupe qui informait les services.
Nous avons appris aussi que Hocine Aït Ahmed, dans sa cellule, était sur écoute. Tout ce qui se disait était su par le pouvoir. Sachant que le FFS voulait sa part dans le gouvernement, ils ont laissé traîner, jusqu’à ce que Ben Bella soit totalement liquidé.
Puis un jour, Chérif Belkacem nous a appelé Abdelhafid et moi. S’adressant à Abdelhafid :
-Vous ne voulez pas rendre les armes comme stipulé dans les accords, d’accord. Nous, nous avons pris le pouvoir et nous ne reviendrons pas sur les décisions que nous avions prises.
Les hommes libérés resteront dehors, mais tout ce qui bouge ira en prison. Nous vous donnons huit jours pour rendre les armes, sinon, nous irons les chercher et nous savons où elles sont.
Abdelhafid rendit compte des derniers développements à Aït Ahmed, lequel de guerre lasse, sans doute, se résigna :
-Fais ce que tu veux, enjoignait-il
à son compagnon.
C’est avec beaucoup d’émotion qu’un jour me raconta Omar Oussedik :
-J’étais en poste à Sofia, lorsque j’ai appris votre arrestation (Boualem et moi) par Ben Bella.
J’ai décidé de quitter la Bulgarie pour rentrer sur Alger. Trois heures avant que je ne prenne l’avion, j’ai envoyé un message à Bouteflika pour lui dire que je viens pour consultation.
Un télégramme signé par Bouteflika tomba juste au moment où Omar s’apprêtait à partir vers l’aéroport de Sofia. «Je t’ordonne de rester en place, te convoquerais en temps opportun.» Quinze jours après il me convoque :
-C’est pour Si Boualem et
Si Azzedine, m’a dit Bouteflika
– Oui.
-Je ne voulais pas que tu viennes. L’atmosphère n’était pas très bonne pour toi. Tu peux voir les gens que tu veux. En ce qui me concerne, je suis d’accord pour que tes amis soient mis en liberté immédiatement. Si tu as du temps à perdre et tu veux voir Boumediène et les autres, tu es libre de le faire.
Omar a fait effectivement le tour des décideurs. Tous les décideurs, sans exception, étaient tous en accord avec lui, mais aucun n’a bougé !
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23 septembre 2020

CONTRE L’OUBLI ET LA TRAHISON :

« Je me souviens de cette femme chétive, visage noirâtre, yeux de souris perçants et cheveux crépus. Elle s'appelle Nacera Ould Hamrane. Je l'ai vue dans une caserne de l'armée à Ould Allel lorsque le général Fodhil Cherif a convoqué la presse pour faire un point sur l'opération anti-terroriste engagée en octobre 1997 contre les fiefs du GIA à Ouled Allel, Sidi Moussa et Bentalha. Nacera dont le frère était un émir du GIA a été arrêtée avec sa mère. Dans cette caserne où elle était détenue, elle répondait aux questions des journalistes.
Il y a 23 ans, dans la soirée du 22 au 23 septembre 1997, un groupe terroriste a fait un raid nocturne à Bentalha pour massacrer plus de 200 personnes, souvent à la hache et au couteau. Une trentaine de femmes, jeunes pour la plupart, ont été enlevées cette nuit-là pour servir d'esclaves sexuelles aux hommes d'Antar Zouabri, chef du GIA. Nombre d'entre elles ont été exécutées au couteau après être passées d'un terroriste à autre.
Nacera et sa mère ont été chargées d'une mission particulière: elles désignaient aux terroristes les familles qu'il fallait épargner car complices et celles qu'il fallait exterminer ce nuit-là. Quand une famille est suppliée, la mère et sa fille Nacera passaient derrière pour dépouiller les cadavres de leurs bijoux et autres objets précieux.
Devant les journalistes dans cette caserne, Nacera n'avait pas de remords. Elle répondait avec sang-froid. Et je me souviens avec une forme de dédain. "Je collectais les bijoux, l'argent et les objets précieux sur les corps des femmes que les autres égorgeaient », nous disait-elle. Nacera ne faisait pas que moucharder et détrousser les victimes gisant dans des marres de sang, le crâne fracassé. Elle avait tué deux anciennes voisines.
En 2007, Nacera et sa mère ont été libérées de prison. Elles ont bénéficié de la loi sur la paix et la concorde nationale que l'ancien président a fait adopter en 2005. C'est la nuit du souvenir pour ne pas oublier les égorgeurs et ceux qui les ont graciés. J'allais oublier.
En 2014, j’ai eu des entretiens avec un ancien émir du Groupe islamique armé (GIA) et de l’Armée islamique du salut (AIS) dans le cadre d’une enquête sur « la vie après le maquis ». Il m’avait alors raconté l’histoire de Cheikh Lakhedar.. Cheikh Lakhedar avait une mission, une passion, une fonction auprès d’Antar Zouabri : égorger des enfants. Nul autre que ce cheikh ne pouvait s’acquitter aussi bien de cette tâche.
Quand les groupes armés faisait des razzias dans les villages isolés, prenant fillettes et femmes comme des butins de guerre ou quand ils font prisonniers de jeunes bergers qui font paître leurs troupeaux dans forêts et maquis parce qu’ils les soupçonnent d’être des indics, alors intervenait Cheikh Lakhedar.
Il alignait les enfants comme des moutons, puis les égorgeait. Avec délectation souvent, parfois avec lassitude, mais toujours avec le sens du devoir accompli.
Cheikh Lakhedar a tué au moins 600 gosses, peut-être plus, me dit l’émir. Qu’est devenu Cheikh Lakhedar,? Il est descendu du maquis. Il a été gracié, sans même avoir été jugé par un tribunal.
Et ça aussi, c'est pour ne pas oublier. »
(Farid Alilet, journaliste)
23 septembre 2020

Bentalha, le récit de dix heures de tuerie. Un habitant raconte le carnage du 22 septembre, à moins d'un kilomètre des blindés d

LIBERATION Le 23 Octobre 1997
Bentalha, le récit de dix heures de tuerie. Un habitant raconte le carnage du 22 septembre, à moins d'un kilomètre des blindés de l'armée.
Par Florence AUBENAS — 23 octobre 1997
Florence AUBENAS Un jour, ils savent que quelque chose va arriver. Ce sont des riens,des camionnettes bourrées d'hommes qui traversent le quartier à toute allure, des bruits étranges pendant la nuit. Les signes peuvent se multiplier sur quelques jours. Mais ils savent, tout le monde sait. On dit: «Ça va taper.» A Bentalha, en banlieue d'Alger, l'atmosphère s'est ainsi appesantie pendant une semaine, à la mi-septembre, explique cet habitant. Appelons-le Yahia, il s'est réfugié à Bruxelles, depuis le massacre où ont péri 400 habitants sur 2 ou 3 000. «Je ne fais pas de politique et pas de religion. Ce que je vais vous dire, je ne l'aurais pas cru moi-même avant que cela arrive.»Huis-clos. «ça a tapé» le 22 septembre, entre 18 et 19 heures. «Moi, j'ai vu surgir une cinquantaine d'hommes, mais d'autres affirment qu'ils étaient cent. Ils ont commencé par faire sauter quelques portes de maison un peu partout et se sont installés à table. Ils se sont fait servir à manger et après s'être bien régalés, ils ont dit: "Aujourd'hui, c'est votre fête. Puis ils ont massacré tout le monde. En récupérant les bombonnes de gaz dans la cuisine, ils faisaient sauter la porte suivante, tuant chaque famille l'une après l'autre.» Yahia parle sans émotion apparente. Et puis d'un coup, il s'arrête, perdu au milieu d'une phrase. «Qu'est-ce que je viens de dire? Où j'en suis?» Il a des larmes plein les yeux.«Vers 21 heures environ, les femmes se sont mises à crier: "Voilà l'armée. On est sauvés. Sur la route nationale, la seule qui mène à Bentalha, des militaires se sont postés avec plusieurs petits blindés. Ils ont allumé des projecteurs. On les voyait depuis nos maisons. Ils étaient à un kilomètre, pas plus. Mais au bout d'un moment, les militaires ont éteint leur lumière. Des policiers et des gardes municipaux de Baraki, le quartier à côté, sont venus offrir de l'aide. L'armée les a bloqués . Les soldats disaient que personne n'avait le droit d'intervenir, parce que le capitaine n'était pas là et lui seul pouvait donner l'ordre. Des ambulances étaient garées un peu plus loin, attendant elles aussi.» Dans le huis-clos de Bentalha, la peur atteint son comble parmi les habitants, barricadés chez eux. Personne n'a d'armes, ou presque. Quelques-uns en avaient bien demandé à la caserne, après plusieurs massacres massifs dans la «ceinture verte» d'Alger, ce cordon de cités autour de la capitale qui avaient majoritairement voté pour le Front islamique du salut (FIS) aux élections de 1991. «Un officier leur a donné trois fusils à cinq balles. Il disait qu'il ne pouvait pas faire plus. Au ministère, on leur a répondu: "Quand vous donniez à manger aux terroristes, quand vous les logiez , vous ne veniez pas. Maintenant, débrouillez-vous, continue Yahia. Ce soir-là, on n'a même pas songé à fuir. Pour aller où? Certains se regroupaient juste dans une même maison. Chacun attendait en espérant que les tueurs n'arriveraient pas jusqu'à chez lui.» Cagoules. De sa terrasse, Yahia voit un jeune assaillant s'affoler en apercevant les militaires. «C'était le seul, tous les autres étaient très calmes. Le chef a dit au jeune: "Fais ton travail tranquillement, prends ton temps. Ils n'interviendront pas.» Ce qui frappe Yahia, c'est l'extrême organisation des hommes armés. «Ce sont des gaillards robustes, habillés normalement. Quelques-uns seulement portent des cagoules noires, d'autres sont déguisés en Afghans, avec une barbe et des cheveux longs. Chacun fait son boulot: un groupe est chargé du guet, un autre défonce les portes, un troisième massacre. Ils tuent par petit morceau, une jambe, un bras, la tête. Ils se frottent les mains en faisant cela. Parfois, c'est comme un spectacle. Dans une maison, on a trouvé une femme agenouillée qui serrait contre elle ses deux enfants. Tous les trois n'avaient plus de tête.» Yahia s'arrête. Précise que les tueurs disent aussi «des choses aux gens»: «Mais cela, je ne peut pas le répéter.» Il faut insister. Yahia, qui sans broncher peut parler de la mort, s'embrouille et baisse les yeux. Puis lâche: «Ce sont des gros mots qu'on ne dit pas devant les femmes.»Vers 4 heures du matin, les tueurs commencent à se replier. Alertés par le vacarme, des familles du voisinage sont accourues, venues mains nues à travers champs, pour voir si elles peuvent aider les leurs. «Il y a encore des courageux, dit Yahia. Une heure plus tard, les hommes armés sont partis en criant: "Adieu Bentalha, bienvenu à Baraki (la localité voisine, ndlr). C'est seulement alors que l'armée est entrée.»Parmi les cadavres, ceux de deux tueurs. «L'un était habillé en Afghan, avec des seringues dans sa ceinture. Leurs complices leur avaient coupé la tête à tous les deux et les avaient emportées pour ne pas qu'on les reconnaisse.» Nouveaux tueurs. En six ans de conflit, le quartier de Bentalha était, pour son malheur, habitué à la violence.«Mais jusqu'en1996 environ, c'était autre chose», reprend le réfugié. Il esquisse un sourire, plaisante lui-même d'avoir l'air de regretter les massacres d'avant, par rapport à ceux d'aujourd'hui.«Au début, beaucoup de jeunes montaient au maquis, mais ils ne s'en cachaient pas. La nuit, ils revenaient parfois manger chez leur mère. On savait les choses sans les dire. Chaque mort était ciblée: policier, journaliste... Parfois, toute une famille y passait, des anciens partisans par exemple, qui avaient retourné leur veste. Maintenant, les premières vagues de recrues sont mortes. Les nouveaux tueurs sont différents.» Yahia dit qu'aujourd'hui, dans ce quartier qui l'a vu grandir lui et ses enfants, il ne comprend plus rien. Qui a tué, le 22 septembre? Yahia répond: «On est perdu, on est perdu, on est perdu.» Au cimetière de Bentalha, un homme est resté huit jours roulé en boule sur la tombe de tous les siens .
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7 septembre 2020

CCIX MUḤEND ULḤUSIN AMUSNAW

Ɛevdennuṛ ƐEVDSLAM deg-wadlis id-yura i wumi yeqqar : CCIX MUḤEND ULḤUSIN AMUSNAW neɣ LA RENAISSANCE DE LA PENSÉE KABYLE, yerna yesquceḍ-ed ssya we ssya ɣef ayen i d-yura Da Lmulud deg-wadlis mi ysema: YENNA-D CCIX MUḤEND.
Dɣa ma nneddmed timlit gar Ccix Muḥend Ulḥusin d Ccix Aḥddad. Timlilit agi gar sin imusnawen imeqqṛannen mussannet, teqim-ed di cfawet n yemdannen, acku amjaddel yellan gar-asen s umaεn, nnezmer a d-nnini Ţaqvaylit!
Ccix Muḥend yeţţiki di Ṭaṛiqa Ṛeḥmanya, imḍebbaṛ ɣef tmnaṭ igawawen n Ṭaṛiqa di tegwniţ-nni, d Sidi Ḥend Umejvaṛ. Umaεna imdannen ţṛuḥ-un s waṭas ar Ccix Muḥend. Dayen yeǧǧan Sidi Ḥend Umejvaṛ ur d-ijemaε ara aṭas n laεccuṛ. Dɣa Ccix Aheddad icegεed i Ccix Muḥend a d-iṛuḥ ar ɣur-s ar Sedduq.
Iṛuḥ Ccix Muḥend yebbwi yid-s Waεva Axuni yenes. Mi bbwḍen, Ccix Aheddad ur t ni d-immugger-ara akken i g-laq. Awal amezwaru kan yenna-yas :
--Anwa ik yefkan lmitaq a ţemeslayeḍ s yisem n Ṭaṛiqa?
Ccix Muḥend mussan s wurfan-is. Dɣa yara-yas s wurfan :
--D Ṛebbi!
Ccix Aḥeddad ur yuṛǧǧa-ra tirirrit am tagi. Ccix Muḥend yeţkkufut deg-wurfan, Waεva la yeţebbi deg-s i wakken a d-yesenɣes cwiṭ, neţţa yernna-yas :
--Dɣa aḥeq amkan-ya
d-ar d-ččeɣ ayen ur yi nehwa-ra
d-ar d-inniɣ ayen iyi hwan!
Ccix Aḥeddad tuɣit tjenniwt ula d neţţa, yuɣal ur yeţwaεqal ara, dɣa yenna-yas :
--Muḥ At Lḥusin d azyar
yeţţak lwaṛad ur ičawaṛ
Awal n Ṛebbi ur t-yeqqar
ula d lqed ur yennejbar!
Ccix Muḥend yerna deg-wurfan, dɣa mi t-id iluqev s lqedd-is mecṭṭuḥ-en, yarr-yas :
--Muḥ At Lḥusin
simmal yeţissin
Ṛebbi d aḥnin
ur ixeddem di tnemmirin!
Yuɣal yezzi ar ixuniyen-nni n Ccix Aḥddad, yenna-yasen :
--Bu tɣuṛi yeţfessir
Bu ṛṛay yesnulfuy!
Yerna yenna-yasen ɣef-lqed-is imi i t-id iεuyaṛ yis Ccix Aḥeddad :
--Wi bɣan ad yuzur yiṛqiq
wi bɣan ad yesegem yilqiq
ma d lqed ǧǧiɣ-t i wufal...
Ccix Aḥddad ula d neţţa s-kufṛent wurfan, dɣa yerr-yas-d :
--Muḥ At Lḥusin
lqwṛan ur t-yessin
ur iḥezzeb i texxamin
asm'ara s-uɣalent tmedlin!
Ccix Muḥend yerra-yas :
--Tezwar-ed teqbaylit leqwṛan
a Ṛebbi wer neggan uḍan
menε-aɣ seg urfan
tekkseḍ fellaɣ iɣweblan!
Annect-akka yeḍṛan gar sin imeqṛanen agi, Ccix Aḥddad warǧin i s-yenna i Ccix Muḥend a ţefɣeḍ di Taṛiqa.
Ɛvdnnuṛ yerna-d kra n wawalen i d-yura
Amar Naït Messaoud
di la Dépêche de Kabylie : " L'approche que Mammeri a faite du personnage du saint homme est d'une étonnante originalité. Il en donne une image séculaire laïc." Diɣen yerna-d asteqsi n Farida Ait Oufroukh deg-wadlis i tura ɣef Ccix Muḥend : " Est-ce la figure de sainteté qui provoque ainsi attrait ou bien est-ce quelque chose qui est sous-jacent et qui passe à travers les rets de la religion."
Adlis agi i g-ura Ɛevnnur ɣef Ccix Muḥend, d nek i s-yuran tazwert (préface), yuklal a ţarrem lwelha-nwen a teɣṛem.
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7 septembre 2020

FAUX MYTHE ALGÉRIEN...

FAUX MYTHE ALGÉRIEN...
Désolé pour ceux qui l'aiment par ignorance. Il incarne le mal algérien. C'est un faux mythe. Il était le fossoyeur de l'Algérie indépendante. Il était un imposteur. Il n’avait jamais tiré une seule balle durant la guerre. Il était un psychopathe. Un peureux qui a érige sa force sur la lâcheté et les hautes trahisons. Feu cheikh Seddik qui était imam à Tigzirt avait fait la même université que lui le, décrivait par des mots à peine voilés sur la personnalité monstrueuse de cet homme. Il ne s'appelait pas Houari Boumediene. Il avait usurpé l'identité du grand théologien amazigh. Il s’appelait à vrai dire Mohamed Boukharouba. Ou autrement Mohand Vouthkharouva.
Il n’était pas Arabe mais un kabyle qui portait dans ses entrailles la haine de soi et de son identité pour des raisons que nous ignorons. Si Boumediene était un homme de bien, je serai l'un des premiers à l'applaudir et louer son mérite sans complexe. Mais la réalité est là. Le moindre malheur de cette Algérie a pour origine la responsabilité de cet homme. Je suis une personne éduquée. Je n’attaque pas les morts, car ils sont sans défenses et entre les mains de l'éternel. Mais j'attaque le symbole, le faux mythe.
Pour comprendre le mal de notre patrie aujourd'hui, il faut tout d'abord comprendre l'origine de son mal. L'origine du Big bang du malheur algérien. Tout le reste n'est que conséquences. Il avait jeté la haine, la négation, la fausse identité, le mépris de soi, comme base fondatrices de ce malheureux pays.
Il avait fait de l'Algérie un pays malade. Il avait fait de l’Algérie une copie tout à fait le contraire de la vraie Algérie. Il a érigé une autre nation artificielle, aux antipodes de L'Algérie glorieuse, combative libre et digne.
Le malheur de notre pays est qu’entre ceux qui ont ceux qui ont libéré l'Algérie et ceux qui ont hérité de cette même Algérie c’est la différence entre le blanc et le noir. Le constat est amer contre cet homme affreux et terrible. Il avait soit assassiné, soit exilé tous les pères de la révolution. Les gens qui le connaissent l'exterminé pour qu'il ne reste aucune preuve de sa lâcheté.
Franz Fanon l'avait décrit dès le début comme étant un psychopathe. Ce psychiatre ne s'est pas trompé. Cet homme était complexe. Tantôt il se définit comme étant athée et communiste, tantôt Arabo-Islamiste.
Il avait bousillé le grand potentiel agricole et industriel algérien, à travers ses programmes fous dénommés honteusement révolution agraire et révolution industrielle. Il avait détruit les valeurs de l'algérien, connu à travers le monde, comme étant un sacré grand travailleur.
Il avait bousillé l'école algérienne et l’islam algérien en important des dizaines de milliers d'enseignants et d imam-gourous de l’Égypte particulièrement. C'était des agitateurs des confréries des Frères Musulmans qui gênaient le fameux Nasser. Il s'est débarrassé d'eux en les déportant vers l'Algérie, tout comme on se débarrasse de déchets toxiques et radioactifs. Il avait laissé après sa mort précoce un pays complètement détruit dans ses valeurs fondatrices. Ceux qui croient que l'Algérie était belle, heureuse et digne durant son terrible règne se trompent énormément. C’était une période d'un épanouissement, d'une paix et d'une dignité trompeurs. C'était le calme avant la tempête.
Durant son règne, il avait bénéficié de beaucoup d'atouts pour apparaître faussement grand. Le pays était si jeune. Le peuple était très naïf, illettré et grand travailleurs. Le peuple avait des valeurs occidentales dans le travail, le comportement et aimait bien son pays. Il avait fait abattre sur le pays une terrible dictature où tout est verrouillé, où toute voix qui grondait est vite réduite à néant. Cette dictature était à son extrême non pas pour maitriser le pays, mais pour faire oublier les réalités amère au pauvre peuples Algériens, mais aussi pour calmer sa consciences sur les trahisons monumentales qu'il avait fait envers les martyrs et les combattants encore en vie.
Le peuple venait de sortir traumatiser d'une guerre impitoyable et cet homme avait exploite tous ces atout uniquement pour instaurer son règne sur fond de l'égoïsme et de lâcheté. Il avait accédé au règne du pays après avoir perpétré deux coups d'État et avoir tué près de 1500 algériens. Le premier coup d’État a été perpétré contre l'indépendance en août 1962 avec un bilan de 1000 morts. Il avait envahi l'Algérie avec des armes offertes généreusement par Djamel Abdenasser pour écraser les Moudjahidines qui viennent de libérer le pays. Puis la répression sauvage du soulèvement du FFS de 1963 à 1965 où l’on compte le bilan de plus de 400 morts et la majorité étaient de valeureux combattants rescapés de la guerre d’Algérie.
Le deuxième coup d’État a été perpétré le 19 juin 1965. C’était le coup de grâce contre cette pauvre Algérie où le dernier espoir a été assassiné. Le dernier coup de lâcheté de cet homme a été perpétré en 1970 par l'assassinat de Krim Belkacem l'un des principaux pères de la Révolution. Un homme qui avait pris le maquis 8 ans avant 1954. L'homme qui a négocié et qui a signé l'acte de naissance de l'Algérie indépendante. Il a été étranglé par les hommes de Boumediene dans un hôtel en Allemagne. Sans parler de Boudiaf premier adhérent du FLN exilé. Moufedi Zakaria auteur du texte de Qassaman également écarté et exilé, Colonel Chaabani assassiné ... et de bien d’autres lâchetés.
Il avait poussé sa schizophrénie à son paroxysme, en volant les corps des deux Chahid Amirouche et Si El Houas, pour les séquestrer pendants plus de 20 ans dans le sous-sol les Archives de la Wilaya d'Alger. Il a fallu l'arrivée de Chadli, pour enfin les retrouver, les délivrer et les transférer au cimetière de Chouhada d'El Alia. Tout ce qu'il avait semé comme malheur, l'Algérie l'a récolté moins de 20 ans après sa mort. Tous ses actes ont débouchés vers une guerre civile impitoyable avec une facture macabre de plus de 200.000 morts et des dizaines de milliers de disparus, sans parler de la destruction de l'économie et de toutes les valeurs de ce grand pays.
Dieu avait su comment arrêter la marche de ce sinistre personnage. Il est mort très jeune alors qu'il croyait que l’Algérie est sa propriété personnelle et qu’il allait y régner pour l'éternité. Il est mort après avoir souffert terriblement. Toute porte à croire qu'il a été assassiné par ceux qu'il adorait, par ceux auxquels il voulait plaire, au détriment des intérêts de son peuple. Toute porte à croire qu'il a été empoisonné dans son dernier sommet en Syrie, avant de mourir lentement et atrocement. C'était la fin triste d'un homme qui était très injuste et qui incarnait le mal algérien.
Si j’écris ce texte, ce n’est pas par plaisir mais pour contribuer à démasquer le faux mythe de cet homme. Il ne faut surtout pas s'identifier à lui. C'est une grande insulte contre nos glorieux martyrs. L'Algérie ne doit s'identifier, ni dans l'arabo-islamisme, ni dans la dictature de cet homme. L'Algérie doit s'identifier dans l'image de nos valeureux martyrs et dans le génie de ses enfants combattants. L 'Algérie doit se projeter dans la cours des valeurs universelles de gouvernance. Elle est la seule alternative possible. Tout le reste n'est que perte de temps, du gâchis et retour à la case de départ. L'Algérie est un pays aux potentiels incroyables et une identité et un parcours historique de plus de deux mille ans. Il peut connaître des rebondissements et des développements incroyables en temps record, en utilisant comme outils la vraie identité de ce pays et les valeurs universelles de libertés de gouvernance et de démocratie.
Pardon et Gloire pour nos martyrs.
Longue vie à tous les combattants encore en vie....
Patrick Baker
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6 septembre 2020

Ben Bella parle des Oulamas

Pour la majorité qui se revendiquent du courant Badissi/Novembari, Ben Bela , est incontestablement au premier rang des personnalités historiques légitimement Novenbriste .
Arrivé a la plage 72 , du livre d'Ahmed Ben Bela, qui est un entretien avec le journaliste Mohamed Khalifa, j'ai vraiment du mal a joindre les deux bouts du couple cité plus haut!.
Voici un extrait :
《—....Par exemple, le rôle joué par le cheikh Ben Badis en Algérie en général, et la préparation du 1er novembre en particulier , si vous me le permettez je parlerai de cet homme - ce sera la première - auquel je voue un grand respect en tant que personne connue pour son intégrité et les efforts louables qu'il a déployés dans le domaine de l'arabisation et de l'enseignement, Mais dont l'action politique, il faut être honnête, n'a rien de positif, contrairement à ce que vous pensez au Machrek!.
En 1937, Ben Badis demanda la nationalité française au cours de la Réunion Islamo-française où étaient représentés trois courants politiques : l'association des oulémas et les élus indigènes, représentants les Algériens au Parlement français qui eux aussi réclameraient la nationalité française.
On comprend pourquoi les prises de positions des oulémas ne pouvaient pas aboutir à la revendication de l'indépendance.
C'est ainsi que la presse de l'association des oulémas prit ouvertement une position hostile au l'endemain de déclenchement de la révolution de 1er novembre....
..... il était déjà difficile de comprendre comment une association se réclamant de l'islam puisse rester neutre dans un débat qui engageait l'avenir de notre peuple, et donc l'islam; comment alors supporter qu'elle lui soit hostile et combattre la révolution de novembre, ne nous pouvions l'accepter.
cela, c'est une toute petite partie de notre histoire. Je pourrais vous en raconter d'autres. Et après cela, venez donc nous dire ( en riant) que le père spirituel de la Révolution, c'est Ben Badis! . quelle fable! .
Voyez l'Algérie d'aujourd'hui, on dirait que l'histoire se répète. Savez-vous qui élabore le projet politique du régime actuel? Et bien, c'est la même Association des Oulémas. Voyez la position et les missions de Ahmed Taleb Ibrahimi ministre des Affaires étrangères, artisan d'ouverture sur l'Arabie Saoudite....il n'est autre que le fils du Chiekh Bachir El Ibrahim qui était président de l'association des oulémas.
— on dit que A.T. Ibrahimi n'est que le fils adoptif du cheikh Al Ibrahimi ?
— je l'ai entendu aussi, mais je n'en sais absolument rien, ce n'est pas important. Ce qui importe, c'est qu'il est bien son fils sur le plan des idées. Pour revenir à un chapitre plus secret, assez compromettant pour ces Oulémas, je vais vous révéler que lorsque nous avons décidé au Caire d'arrêter le Chiekh El Ibrahimi et la délégation de d'Oulémas qui l'accompagnait, il était en route pour Bagdad afin de concrétiser avec Nouri Saïd une alliance contre la révolution.
par respect pour son grand age, nous n'avons finalement arrêté que les membres de la délégation qui l'accompagnait. 》
3 septembre 2020

علم الامازيغ و حقيقة الاكاديمية البربرية

 

2 j  · 
علم الامازيغ و حقيقة الاكاديمية البربرية
Aux origines de l’emblème amazigh
الكثير من اعداء الهوية الامازيغية يعتفد و يروج لفكرة ان علم الامة الامازيغية هو من صنع الفرنسي جاك بينيت ذو الاصول اليهودية حسب زعمهم طبعا هذه من اكاذيب القومجيين العرب في شمال افريقيا لتخوين اي رمز من رموز الهوية الامازيغية كما سنكتشف مع بعض في هذا المقال نذكر على سبيل المثال ما صرح به احد رموز القومية العربية الوهمية في الجزائر وزير الاعلام السابق محيي الدين عميمور المتحمس للفكر القومي العروبي، والمجنون بنظرية المؤامرة
حيث قال في جريدة راي اليوم 16 جويلية 2019 ان العلم الامازيغي اخترعه يهودي اسمه جاك بينيت وان لا اصل له ولا وجود له وردا على مثل هذه الابواق التي حوّلت “الخاوة” الذي سكنوا الجبال و الغابات ايام الثورة التحريرية وقاتلوا فرنسا إلى خونة، و حولوا الخونة و الذين لم يطلقوا رصاصة واحدة إلى مجاهدين، لهذا فالامر يستحق التوضيح وكشف الحقائق و فضح اكاذيب هؤلاء القومجيين البعثيين المنسلخين عن تاريخ الارض التي يعيشون فوقها و يزورون تاريخيها دون حياء لكن دعونا نرد على هلوساتهم فيما يخص تاريخ ظهور العلم الأمازيغي وحيثيات تصميمه و كشف اكاديبهم حول تاريخ الاكاديمية البربرية و مؤسسها المجاهد
مسعود اعراب
عزيزي القارئ فكر جيدا هل يحتاج الانسان الى مساعدة اجنبية حتى يخترع علم عبارة عن خطوط والوان بطبيعة الحال لا ولذلك نقول انه لاعلاقة للراية (بجاك بنيت )كما يتوهم البعض ، وكما يروج له البعثيين اكذب خلق الله ولغاية هذا اليوم لا يملكون و لا نص تاريخي او دليل على ان جاك بينيت هو من صمم العلم الامازيغي هذا مجرد كلام استغبائي للناس الذين لا عرفون التاريخ فانتاج علم لا يحتاج سوى ورقة وقلم ،وهذا العلم الامازيغي هو نتاج لسنوات القهر والإستهتار بكل ما هو امازيغي محلي أصيل و للهجوم نظام البعثي البومديني على الهوية و الثقافة الامازغية و منع الكلام باللغة الامازيغية وتعريب قصري لكل امازيغ الجزائر وهو نفس الحال الذي تعرض له اخوتنا الامازيغ في كل بلدان تامزغا
رابط كلام البعثي محي الدين عميمور
https://*www.raialyoum.com/index.php/محي الدين عميمور
الصورة 1
ما معنى ذالك العلم الامازيغي الذي يرفعه الامازيغ في كل مكان؟
نحن الامازيغ اغلبنا مسلمون لله ، وأمازيغ للوطن الوطن الواحد ، هو شمال إفريقية من واحة سيوى إلى المحيط ومن الشمال حتى مالي ،ذلك الوطن الكبير الذي يضم القبائلي والشاوي والشلحي والشنوي والريفي المغربي والمزابي ونفوسة ولواتة بليبيا والترقي والزناتي و الازواد في مالي والسيوي بمصر والموري في بلاد الكناري وغيرهم هذه الشعوب الامازيغية اتخذ ت لامتها كرمز علم ذو معنى من خلال ألوانه :
الأزرق في الأعلى: هو بحرنا الذي يحدنا من الشمال
الأخضر في الوسط : هو رمز جبالنا وتلنا وغاباتنا
الأصفر في الأسفل : هي صحرائنا التي تمتد الى داخل مالي وارض الطوارق الامازيغ
الصورة 2
حرف الزاد الامازيغي الأحمر في الوسط :
حرف الزاد الامازيغي هو الحرف الذي لونه الأحمر رمز ولون دمائنا التي سقينا بها أرضنا من ألاف السنين ومازلنا نسقيها .
زاينا هذا يتوسط علم تيموزغا العزيز علينا جميعا بجلال وعظمة، فنعشقه بحرارة حتى
الموت، ونقدمه على باقي الحروف لأنه سيدها وغرتها، ونتخذ منه شعارا خالدا أبديا
اختاره الامازيغ لأنه يتوسط كلمة (اما زيغ) وهو حرف تطور شكله عبر العصور من الشكل الاول في الكتابة الليبية القديمة و التي تطورت وانتجت ما يسمى الخط التفيناغ و الذي كان ومازال امازيغ التوارك في بلادنا يكتبون به وهو مسجل ومنقوش في اثار الهقار من الاف السنين وموجود في كل شمال افريقيا الامازيغية
وعليه فقد كذب عليكم من قال ان حرف الزاد الامازيغي لا وجود له في شمال افريقيا كما ذكر ذلك البعثي محي الدين عميمور وامثاله
صورة Hélène Claudot-Hawad
Tifinaghs et gravures du col des « sandales » (tighatimin) Ahaggar
رابط
او في الرابط التالي اسفل المقال
الصورة 3
صورة اخرى لحرف الزاد في اثار الطاسيلي
Tifinagh touareg (script) sur des pierres et des pictogrammes, Youf Ahakit, Tassili du Hoggar, Wilaya Tamanrasset, Algérie, Afrique du Nord - ID de l’image: B08PBJ
صورة
Photographe: Egmont Strigl
الصورة 4
صورة اخرى لحرف الزاد في شرق ليبيا فيها حرف الزاد الامازيغي بجنب اللوحة العربة التي تجرها احصنة و التي تكلم عنها المؤرخ هيرودوت 500 سنة قبل الميلاد والذي ذكر ايضا ان الليبين (الامازيغ) هم من علموا الاغريق ركوب العربات التي تجرها الاحصنة
Le pictogramme d'un char avec 2 chevaux sur un cavewall Magidet proche à l'est de la Libye
وقد تمكنت الباحثة والأركيولوجية الجزائرية "مليكة حشيد" من العثور على لوحات كتب عليها بالتيفيناغ فيها حرف الزاد الامازيغي وهي اللوحة حاملة لحروف تيفيناغ مرافقة لعربات حصان، وهذا النوع من العربات ظهر في العصر ما بين ألف سنة قبل الميلاد أي قبل وصول التجار الفينيق الى سواحل المغرب الكبير جوالي 800 ق م
وقد أثبت دارسو تيفيناغ (Faidherbe, 1870 ; Chabot, 1933 ; Marcy, 1936 ; Galand, 1966 ; Camps, 1996 ; etc.) واتفقوا على وحدة تيفيناغ كنظام للكتابة خاص باللغة الامازيغية.
رابط الصورة
الصورة 5
من الواضح بعد كل هذه الادلة الاركيولوجية حول عراقة حرف الزاد الامازيغي ان كلام العروبيست عميمور وامثاله ماهو الا اكاذيب متعمدة فصاحب المقال تناول أبجدية تيفيناغ وحرفها "الزاي" من زاوية أيديولوجية برغماتية ضيقة وليس من منطلق علمي تاريخي اكاديمي ونحن مستعدون لارشاده لمراجع وأبحاث علمية لمحاربة أميته في هذا المجال ان أراد طبعا
هذه هي معاني علم اتحاد دول المغرب الامازيغي الكبير.(العلم الفدرالي لكل الامازيغ) كل الوانه لها معنى كبير يهدف الى توحيد بلاد المغرب الامازيغي الكبير ذلك المشروع الذي سعى من اجله ماسينيسا و سيفاكس و غيرهم من ابائنا و اجدادنا وهو رمز للقومية الامازيغية له عراقة ضاربة في التاريخ
قال احد الادباء الشعراء في حرف الزاي الامازيغي
حرف الزاي… ذلك المحبوب الرشيق، والمعشوق الخالد، الجميل في هيئته وشاكلته،
والبديع في كبريائه وأنفته؛ وقفة نشمي أبي يرفع هامته بجلال وكبرياء، وعظمته تضاهي
عظمة فارس متيم بعشق الوطن الخالد، يتمنى لو يعانق الأمة فردا فردا بذراعيه
اللطيفتين، تخطه أناملنا بإتقان متناهٍ على اللافتات واللوحات، في المناسبات
والملتقيات، فيخفر المكان بقدسيته العجيبة، ويضفي على الجمع هالته المجيدة، تضعه
الواشمات على جسد العذارى عذبا رقيقا، وترسمه الجدات بالحناء على أكف العرائس يوم الفرح والزفاف بشاعرية ساحرة وجمالية فاتنة، يشكله الصائغ على حليه الجميلة وفق مقاييس وتلاوين عديدة،..... الخ
اصول العلم الامازيغي
تاريخيا اتخذت هذه الراية الامازيغية كرمز رسمي للامازيغ من قبل مجموعة من المناضلين في القضية الامازيغية عبر العالم و و نشره ايضا مناضلي الاكاديمية البربرية في السبعينات من القرن الماضي لكن هذه الاخيرة لم تتبنى ابدا بصفة رسمية العلم الامازيغي و لم تدعي ابدا انها من صنعته ولا يمكن اعتبارها صانعة هذا العلم الامازيغي ولحسم الجدل العقيم الذي يدور حول هذه النقطة نحيل كل مهتمين بالموضوع على كتاب أحد مؤسسي الأكاديمية البربرية أعراب محند بوسعود تحت عنوان:
L'Histoire De L'Academie Berbere 1966 1978
De Petites Gens Pour Une Grande Cause "
الذي تحدث وسرد تاريخ الأكاديمية من تاريخ 1966 إلى 1978، وبكل التفاصيل الدقيقة و ليست هناك أدنى إشارة في الكتاب إلى وجود العلم الأمازيغي او انه من تصميم الأكاديمية، و لا حتى كلام من قبل محند اعراب ينسب العلم لشخصه والكتاب متوفر بالمكتبات لمن يود البحث،و يكفي النظر في الكتاب للتاكد
للعلم ظهرت الراية الامازيغية لاول مرة في وادية ولاية تيزي وزو في الجزائر من طرف المناضل يوسف مذكور و ايضا ساعده في نشرها زميله المجاهد الكبير محند أعراف بوسعود ورغم انهما من مناضلي الاكاديمية البربرية في فرنسا الا ان العلم كان منطلقه من بلاد امازيغ القبايل في الجزائر و ربما بل اكيد هو مستوحى من اعلام قديمة كان اعراش المنطقة يحملونها خلال حروبهم مع الاحتلال الفرنسي وحتى زمن الاحتلال العثماني
ربما الكثير لا يعلم ان هذه الراية الوانها وشكلها لها جدور ووجود اقدم من يوسف مدكور و اقدم من المجاهد محند اعراف بسعود المولود سنة 1924 م و الذي ينحدر من امازيغ القبايل في الجزائر و شكل والوان الراية موجود قبل حتى تاسيس الاكاديمية البربرية سنة 1966 , التي يروج لها القومجيين العروبيين انها وراء هذا العلم الامازيغي بمساعدة يهود فرنسيين حسب زعمهم المدعو جاك بينيت بل العلم الامازيغي له اصل ووجود قبل مولد جاك بينيت المولود سنة 1915م
الحقيقة الصادمة لهؤلاء تاكد ان الراية الامازيغية كانت موجودة بالوانها منذ قبل مولد جاك بينيت او محند اعراب او الاكاديمية البربرية بل هي اقدم من اعلام الدول المغاربية حيث توضح لنا صورة او لوحة فنية تاريخية للرسام الفرنسي (فيليكس فيليبوتو) تعود الى سنة 1866 م تمثل ثورة الشعبية لمنطقة القبايل بقيادو البطل الشريف بو بغلة و البطلة فاطمة نسومر و هم يحملون الراية الامازيغية
اللوحة الفنية المعروضة حاليا نسخة منها في قصر الحكومة الجزائرية و يشاهدها الجميع على صور شاشة التلفزيون الجزائري خلال اجتماعات الحكومة كما هو مبين في الفيديو في هذا المقال
الصورة 6
في الجانب الايمن من اسفل هذه اللوحة يمكنكم اكتشاف تاريخ اصدار هذه اللوحة واسم الرسام كما هو مبين في الصورة السابقة و لتتاكدوا من تاريخ اصدارها يمكنكم الدخول الى الرابط التالي وتكبير الصورة و التاكد من التاريخ 1866م
HENRI-FELIX-EMMANUEL PHILIPPOTEAUX (1815-1884)
رابط تكبير الصورة
Portraits présumés du Chérif Boubaghla et de Lalla Fatma n'Soumer conduisant l'armée révolutionnaire
الصورة كاملة
الصورة 7
الصورة 8
ربما يقول البعض ان وجود الراية الامازيغية في لوحة تعود الى 1866م لمنطقة امازيغ القبايل في الجزائر هو مجرد صدفة وقع فيها الرسام فليكس نقول لهؤلاء ليس لهذه الدرجة تكون الصدف
ان الرسام اكيد راى هذه الراية عند اعراش تلك المناطق الامازيغية التي كان كل واحد منها يحمل علم ولواء الجهاد عند تقدمهم لمحاربة الاحتلال الفرنسي
المقاومة الشعبية في بلاد القبايل كانت ابتداءا من اليوم الاول للاحتلال 1830 م الى غاية سقوط منطقة القبايل سنة 1857م
جاء في كتاب الكلونيل كلوزيل احد الجنرالات وقادة الحملة الفرنسية على الجزائر
يقول لما وصلت رسالة الداي حسين الى منطقة القبايل تدعوهم الى الجهاد ضد الغزو الفرنسي المرتقب اجتمع كل اعيان عروش القبايل وزعمائها وقرروا تحضير انفسهم لقتال الفرنسيين فقاموا بتهيئة الضروف لذلك وتعبئة سكان القبايل وتحريضهم للذهاب الى الجهاد ضد الفرنسيين تزودوا بكل ما يلزم من الاسلحة و العتاد للذهاب للعاصمة الجزائر لصد الغزو الفرنسي
وفي اليوم المحدد اجتمعت كل جماعات واعراش منطقة القبايل متبوعين بنسائهم واطفالهم وابائهم الشيوخ لتوديع المجاهدين ولحثهم على القتال بشراسة و النصر ضد الفرنسيين وكل عرش كان يحمل علم المنطقة التي يتبع لها
ونستنتج من هذا الكلام للقائد العسكري كلوزيل ان الاعلام في منطقة امازيغ القبايل كانت موجودة منذ اليوم الاول للغزو الفرنسي سنة 1830م وهو نفس الامر الذي تبينه الصورة السابقة بوجود اعلام الامازيغ في ثورة البطل بوبغلة و فاطمة نسومر التي يظهر فيها العلم الامازيغي بشكله والوانه المعروفة حاليا
الصورة 9
اذا فالاعلام كانت حقيقة وموجودة منذ 1830 م ترفع في ثورات منطقة القبايل وعليه فلا يمكن القول ان لا وجود لاعلام قبل العلم الوطني الجزائري او الاعلام المغاربية الحالية و لا يمكن القول ان صورة العلم الامازيغي في اللوحة المؤرخة سنة 1866 م هي مجرد صدفة و ما ياكد ذلك هو تراتب الوان العلم الامازيغي على شكل خطوط عريضة مطابقة للعلم الامازيغي الحالي الازرق ثم اسفله الاخضر ثم اسفله اللون الاصفر وبالتالي هذه ليست صدفة بل هي حقيقة وجود هذه الالوان في اعلام منطقة القبايل وبنفس الترتيب و المعنى و عليه فالعلم الامازيغي الحالي له جدور في تاريخ المقاومة الامازيغية وليس علم من اختراع الفرنسيين كما يروج له اعداء الهوية الامازيغية
للعلم اللوحة موجود نسخة منها في قاعة اجتماع الحكومة الجزائرية وهاكم
فيديوا توثيقي لاجتماع الحكومة الجزائرية حيث تظهر اللوحة الفنية التي تحمل علم الامازيغ
ويجب أن نشير كذلك إلى أن هذه الراية لا تعبر عن الناطقين بالامازيغة في شمال إفريقيا فقط ، او تخص سكان منطقة امازيغ القبايل في الجزائر بل ترمز إلى كل سكان هذه الرقعة ” تمازغا ” افريقيا) سواء ناطقين بالامازيغية او غيرهم الناطقين بالدارجات المحلية وهم ايضا يعتبرون امازيغ ناطقين بالعامية المغاربية و كثير منهم يعتز باصوله الامازيغية
وقد تمت المصادقة على العلم الامازيغي من طرف الكونغرس العالمي الأمازيغي عام 1997 والذي يضم كل المثقفين الامازيغ من ليبيا والمغرب والجزائر وتونس ولازواد مالي
الصورة 10
حيث تم اعتماد العلم الامازيغي رسميا من قبل الكونغرس الامازيغي بمدينة تافيرا بجزيرة لاس بالماس بجزر الكناري والتي تعرف تواجدا أمازيغيا منذ القدم تحت مسمى الغوانش ، باتخاذ هذه الراية كإحدى الرموز التي تشير الى الهوية والثقافة الامازيغة في العالم والذي انتشر بعد ذلك في كل العالم، فاتخذته كل التنظيمات الامازيغة شعارا لها في كل تلك البلدان وشهدناه في ملاعب الجزائر والمغرب بل حتى في ملاعب العالم وتظاهرات عالمية في كندا وأوروبا ، وكان حاضرا ايضا في ما يسمى بالربيع العربي في ليبيا حيث كان امازيغ ليبيا السباقون للانتفاضة ضد نظام القذافي البعثي الدكتاتوري المضطهد للامازيغة ،وقد خصص يوم 30 أوت من كل سنة كيوم عالمي للعلم الأمازيغي
العلم الامازيغي هو علم الامة الامازيغية من نهر النيل الى المحيط الاطلسي
وعلى الجميع أن يفهم مصطلح ” علم الأمازيغ ” لانه لا يعني أنه علم لدولة ما أو كيان يريد الانفصال عن دولة ما كما يعتقد او يروج له بعض المغرضين و بعض الانتهازيين العروبيين وهو ليس بعلم فرحات مهني لحركة (الماك) التي ظهرت بعد أحداث الربيع الأمازيغي الأسود 2001 ، بل ما يحمله الامازيغ هو راية ثقافية أولا ورمز لأمة الامازيغ وان شاء الله سيكون علم رسمي لاتحاد دول المغرب الكبير مثله مثل علم الاتحاد الاروبي الذي يرمز الى الدول الاروبية كلها
الصورة 11
يعتبر السيد يوسف مدكور احد مناضلي الهوية الامازغية، و عنصر نشط في الاكاديمية البربرية داخل الجزائر وخارجها المعروف باسم يوسف أمازيغ ، هو مصمم الراية الامازغية سنة 1970م بمساهمة و اقتراحات من عدة مناضلين اخرين نذكر منهم السيد عمار نقادي من امازيغ الشاوية و ايضا المناضل احردان من المغرب الاقصى وطبعا تحت رعاية المجاهد محند اعراب بسعود
اما يوسف مدكور صاحب فكرة العلم الامازيغي هو إبن عرش آيث فراوسن ( بلدية جمعة ن ساريج ، ولاية تيزي وزو ) ،
هو الذي صممه حسب شهاداته ومن ثم شاعت بين مناضلي الهوية الامازيغية في منطقة امازيغ القبايل في داخل الجزائر وخارجها و اقترحها المجاهد محند اعراب على الاكاديمية البربرية في باريس التي رفض بعض اعضائها الفكرة حتى لا يعتقد اعدائها انها راية انفصالية و حتى يبقى اختصاصهم الجانب الثقافي الاكاديمي البعيد عن السياسة
فيديو توثيقي وشهادة مصمم الراية الامازيغية يوسف مدكور حول تاريخ تصميمها
اعراب بسعود بدوره يعتير هو من فكر اعتماد هذا العلم الامازيغي رسميا لدى الاكاديمية البربرية في باريس وهو من ساهم في نشرها و الترويج لها في الجالية الامازيغية المغاربية في فرنسا ولا علاقة للباحث الفرنسي جاك بينيت بصناعة هذا العلم الامازيغي وهذا بشهادة ابن جاك بينيت تفسه (مارك بينيت) وهو كاتب ومؤرخ مثل والده والذي اعتقد ان اعراب بسعود هو من صمم الراية الامازيغية
حيث قال في كتابه (جاك بينيت و محند اعراف قصة صداقة) الذي نشر سنة 2016م
Jacques Bénet Mohand Aarav Bessaoud, histoire d'une amitié
ان المجاهد محند اعراب بسعود هو من صمم الراية الامازيغية و لم يذكر ابدا ان والده الباحث جاك بينيت هو من صنعها كما يروج له القوميون البعثيون في الجزائر دون ادنى دليل سوى اكاذيبهم التي يعرفون انها سمة من سيماتهم الاصيلة (خلل جيني)
صورة من الكتاب
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الصورة 13
لهذا أي محاولة لربط العلم الأمازيغي بجهة أو دولة اجنبية او بالفرنسي جاك بينيت هو ضرب من الجنون ومحاولة للتلاعب بالحقائق لأجل أغراض مرضية ليس إلا
وبعد الوقوف والرد على أهم النقط التي جاءت في مقال القومجي عميمور حول العلم الامازيغي والتفاعل معها منطقيا و بالدليل الموثق لا بد أن نذكر صاحب المقال محي الدين عميمور ومعه كل الذين يجهلون فلسفة وأسس الحركة الأمازيغية وخطابها العقلاني وانها حركة تعتز بارضها واصلها وليسوا عملاء لا للمشرق و لا للغرب وذلك في الفقرة التالية حيث يتضح لكم ان الاكاديمية البربرية و زعيمها و مؤسسها المجاهد اعراب بسعود ليسوا عملاء لاي كيان او دولة اجنبية و لا تعمل الاكاديمية على تقسيم بلدان المغرب الكبير .
هذا ما كان يردده المجاهد محند اعراب بسعود باقتراحه على المناضلين ان تكون الاكاديمية البربرية بعيدة عن الامور الدينية و السياسية وتختص فقط بالجانب الثقافي
الصورة 14
كانت اهداف الاكاديمية البربرية و المناضل بسعود اعراب اهداف ثقافية هوياتية بحثة تدعوا الى احياء الحس بالذات الامازيغية في كل بلاد المغرب الامازيغي الكبير حيث قال محند اعراب في هذا الخصوص علموا (الامازيغ) انهم ليسوا لا رومان و لا عرب لكن امازيغيين بمعنى رجال احرار وان بلدهم شمال افريقيا موطنهم الوحيد و الاوحد وان لسانهم الامازيغي ليست لهجة يستحي منها الامازيغ وان الجميع الامازيغ في كل مكان يمثلون ورثة التقاليد النوميدية الحرة
عزيزي القارئ اليس هذا الكلام قمة الوطنية و حب الانتماء الى الارض و الوطن ؟
الصورة 15
المجاهد محند بسعود اعراب رجل واحد ونضالين
و ردا على من يروجون ان المجاهد محند بسعود اعراب كان خائن ايام الثورة نقول بالله عليكم من اين لكم هذه الخرافات و الاكاذيب الا تعلمون انه من مجاهدي الرعيل الاول الذين حاربوا فرنسا من نوفمبر سنة 1954م الى غاية الاستقلال
بعد اندلاع حرب التحرير عام 1954 التحق بجيش التحرير الوطني.
منذ يناير 1955 عينه كريم بلقاسم مسؤولا عن منطقة القبائل وأصبح ضابطا حيث كان ناشطا بالولاية الثالثة ثم بالعاصمة الجزائر قبل أن يلتحق بالمغرب.
عينه العقيد ( سي ناصر) كضابط في الولاية الرابعة ، رقاه (العقيد بوقرة ) قبطانا ، غادر الولاية الرابعة قائدا لجيش من 200 مجاهد لجلب السلاح من المغرب ، عُين بعد الإستقلال مباشرة عاملا لعمالة مغنية بالغرب الجزائري ، المهمة التي لم يتقلدها أبدا بسبب زحف جيش الحدود لابتلاع الحكم في الجزائر ، إنه زحف [ جماعة وجدة تلمسان] الجماعة الذين استولوا على السلطة بالقوة إلى الآن .
الصورة 16
يعتبر محند اعراب المجاهد ابان الثورة التحريرية مناضل وطني جزائري خلال حرب الجزائر ومناضل من أجل القضية الأمازيغية والمؤسس الرئيس للأكاديمية البربرية أكراو ايمازيغن. ولد يوم 24 ديسمبر 1924 بتكمونت الجديد في واضية إ حدى بلديات دائرة واضية التابعة لولاية تيزي وزو بالجزائر
الصورة 17
بعد الاستقلال أصبح محند اعراب من أكبر معارضي الحكومة الجديدة وقياديا بمقاومي حزب جبهة القوى الاشتراكية من 1963 إلى 1965.
في 1965، انقلب بومدين على الرئيس بن بلة، وأحكم قبضته على الحياة السياسية والنقابية، ونفى مجموعة من المثقفين والأكاديميين المعارضين وكان محند أعراب واحدا منهم، إذ سافر إلى فرنسا حيث قضى وقتا هناك، قبل أن يجبر على تركها كذلك، بإيعاز من بومدين وملك المغرب الاقصى الحسن الثاني للرئيس الفرنسي الأسبق فاليري جيسكار ديستان
نفي إلى فرنسا حيث أسس عام 1966 بمعية أكاديميين ومثقفين أمازيغيين -مثل محمد أركون والطاوس عمروش -الأكاديمية البربرية من أجل الدفاع عن القضية الأمازيغية ولم يكن بين الاعضاء المؤسسين للاكاديمية اي شخص فرنسي اصلي او يهودي و لا جاك بنيت كما يروج له الكاذبون.
الصورة 18
دعوة محند اعراب بسعود الى امة اسلامية واحدة
وردا على من يقول ان الاكاديمية البربرية و المناضل محند اعراب بسعود هم اعداء الاسلام و عملاء الصهاينة نقول لهؤلاء ان حبل الكذب قصير هاتوا برهانكم ان كنتم صادقين
لعلمكم وربما ستصدمون لو علمتم ان المجاهد محند اعراب كان يحمل فكر او مشروع اتحاد دولة اسلامية كبرى من المحيط الاطلسي الى ماليزيا وكان متشبع بالدرسات الاسلامية و يستدل في كتبه باحاديث الرسول عليه الصلاة و السلام و بكتاب الله تعالى
هذا المواقف تجدونها في كتابه (سعداء الشهداء الذين لم يروا شيئا)
heureux les martyrs qui n'ont rien vu
الصورة 19
الصورة 20
اذا خلاصة ما سبق ذكره لا علاقة لفرنسا الرسمية بتأسيس الأكاديمية البربرية ولا بالعلم الامة الامازيغية ، ولا يوجد في فكرها عداء للاسلام و لا عداء للعرب كجنس ففعاليات وتشنجات تأسيس الاكاديمية كانت بين الجزائريين أنفسهم ،فيهم العلماني و المسلم و الشيوعي و كل التيارات الفكرية ومن اساسيات الاكاديمية البربرية عدم الخوض او التدخل في كل ماهو سياسي او ديني
علاقة الفرنسي جاك بينيت بالاكاديمية البربرية
كان مشروع الاكاديمية هو الاهتمام بالامور الهوياتية الثقافية وهم اصحاب فكرة جمعية امازيغية و ليس غيرهم ، فقد قدموا ملف الإعتماد في 10 أوت 1967 بعد اجتماع تم في بيت الطاوس عمروش ، وكان المؤسسون هم
عبد القادر رحماني رئيسا ، خليفاتي محمد أمقران، ناروم أعمر، محمد السعيد حنوز، توابا ، أما الكاتب العام فهو أولحبيب جعفر، وأمين المال هو بسعود محمد أعراب .
وبعد إنهاء مهمة إعداد الوثائق والتـأسيس ، عندها كانت الحاجة لمساعدة (جاك بنيت )وهو باحث فرنسي في اللغات القديمة معروف بمؤلفاته مهتم باللغات المقهورة مثل لغة الباسك و الهنجارية و الامازيغية و هو يجيد اللغات الاطالية و الانجليزية و اللاتينية و الاغريقية اضافة الى الفرنسية
و الاكثر من ذلك جاك بينيت هو احد ابطال المقاومة الفرنسية للاحتلال الالماني سنة 1941م
هرب من الاسر الالماني والتحق بباريس حيث التقى بالرئيس فرنسوا ميتيران والذي كان ايضا هاربا مثله من الاسر واسسوا مع بعض مضمة المقاومة الفرنسية للاحتلال الالماني و بعد القبض عليه من الالمان استطاع الهرب الى اسبانيا ومنها الى الجزائر حيث استقبله الجنرال ديغول وعينه نائب برلماني سنة 1946م ثم عين مستشارا سياسي في الحكومة
ولهذا يجب ان نعلم ان جاك بينيت بطل قومي فرنسي و مسؤول في الحكومة الفرنسية في ذلك الوقت اضافة الى كونه باحث في علوم اللغة و لهذا استعان به محند اعراب بسعود من اجل تسهيل الحصول على اعتماد الجمعية (الاكاديمية البربرية)
الصورة 21
تلخصت مساعدة جاك بينيت كونه مذلل للصعوبات الإدارية لتحقيق الحلم وقَبول الإعتماد من وزارة الداخلية الفرنسية ،حسب ما يقوله محند اعراب بوسعود مع العلم ام قبول اعتماد الجمعية كان يستلزم اولا قبول وزارة الشؤون الخارجية الفرنسية و التي كانت تدعم بكل قوة مشروع القومية العربية و الوطن العربي الكبير و بعد سبعة اشهر من الانتظار دون جدوى ودون الحصول على الاعتماد كان تدخل جاك بينيت لدى هذه الهيئات كمسؤول حكومي فرنسي لتسهيل الحصول على الاعتماد.
ولو لا ذلك لما قبلت الهيئات الفرنسية اعتماد الاكاديمية البربرية لان الاخيرة حسب قول محند اعراب كانت داعمة كبيرة للمشروع القومي العربي
الصورة 22
الرئيس الفرنسي ديقول عارض قبول اعتماد الاكاديمية البربرية
ما لا يقولونه لكم اعداء التاريخ الامازيغي واعداء الاكاديمية البربرية ان الرئيس الفرنسي ديغول غضب لما سمع باعطاء ترخيص للجمعية بممارسة نشاطها .لانها تفسد عليه مشروعه القومي العربي نعم… هذه هي الحقيقة التاريخية الموثقة التي ننشها لكم لكي لا نترك لذوي النفوس المريضة الضعيفة (أقصد عكرمة وصعصعة وسراقة وحنضلة وعلقمة وأبي جهل…القرن العشرين ) ليلصقوا لنا نحن الدافعين عن الهوية الامازيغية تهم العمالة للصهانة او لفرنسا او الردة والوثنية والدجل والسفسطة كعادتهم دائما، ولكي لا ندع مطية لمن تنكر لدمائه وجذوره، من ابناء وطننا من المستعربين وولى وجهه قبلة الشرق ليبحث عن الملاحم والبطولات وعروبة الوهم ووهم العروبة هاهو التاريخ الموثق يبين لكم ان زعيم الاكاديمية البربرية يدعوا الى انشاء وطن اسلامي كبير يضم كل الاعراق بينما فرنسا تعينكم على انشاء خرافة الوطن العربي ؟؟؟؟؟؟؟
الصورة 23
أجبر المجاهد محند اعراب على ترك فرنسا ومغادرتها، بإيعاز من بومدين للرئيس الفرنسي الأسبق فاليري جيسكار ديستان، الذي زار الجزائر واصبح صديق حميم لبومدين طلب بومدين من فرنسا طرده من ترابها، ضمن جملة شروط لدعم علاقات البلدين
الصورة 24
و هذا فيديو توثيقي لزيارة الرئيس الفرنسي للجزائر سنة 1975م
ابتداءا من سنة 1975م بعد زيارة جيسكار ديستان للجزائر و حصوله على عدة امتيازات اقتصادية وسياسية في الجزائر تغيرت معاملات الفرنسيين مع الاكاديمية البربرية حيث "سنة 1978، استجاب الرئيس الفرنسي لضغوطات بومدين وأبلغت مصالح الرئاسة لديه محند اعراب برغبتها في أن يترك باريس لوجهة يختارها هو، فاختار بريطانيا"
استطاعت الجزائرالبومدينية فرض رأيها على فرنسا ولا ندري بأي ثمن ؟ بحل هذه الجمعية ومصادرة أملاكها ووثائقها، والقبض على ( بسعود) وسجنه بتهم واهية مدبرة ، لعب صديقه ( جاك بنيت ) دورا مهما في الدفاع عنه وتهجيره إلى أسبانيا أولا ، ثم نحو بريطانيا بعد قبول طلب اللجوء السياسي إليها سنة 1980 . وعاد الى الجزائر بعد 32 سنة من الغربة بوساطات من جمعيات ثقافية وكأنه مجرم حرب بينما هو بطل مجاهد حارب مرتين الاولى ايام الاحتلال الفرنسي و الثانية بعد الاستقلال دفاعا عن الهوية و التاريخ الامازيغي حيت توفي في1جانفي 2002 رحمه الله.
و اليوم بعض احفاد الحركى و الخونة ايام الاحتلال الفرنسي يروجون عن المجاهد اعراب بسعود انه خائن وعميل فرنسي وعميل صهيوني وغير ذلك ايضا شهدنا الكثير من المنشورات هنا وهناك تتهجم على الأكاديمة البربرية وتتهمها بالعمالة مع الصهيونية، والدليل الوحيد الذي قدموه هي نص قصير مقتطف من كتاب الاكاديمية، المجاهد محند أعراف بوسعود يعبر فيه عن صداقته مع Jacques Bénet الذي أعجب بنضال محند أعراف بوسعود ،والذي قدم له مساعدة كبيرة في حصول المجاهد أعراف بوسعود على الاعتماد لانشاء الاكاديمية البربرية وثانيا ساعده من اجل اللجوء السياسي في بريطانيا بعد أن طردته الحكومة الفرنسية من التراب الفرنسي بأمر من بومدين ، والمثير للاهتمام أن الدليل الوحيد الذي يستخدمه أنصار العربواسلاميين لتشويه صورة هذا المجاهد في صفوف الجيش التحرير الوطني أثناء الثورة ، هو رسالة كتبها إلى صديقه
Jacques Bénet التي يقول فيها ما يلي
:
Si les Berbères, mes frères, devaient un jour se souvenir de moi au point de vouloir honorer mon nom, je leur demanderais instamment de lui associer celui de Jacques Bénet, car sans l’aide de ce grand ami des Berbères, mon action en faveur de notre identité n’aurait peut-être pas connu le succès qui est le sien. Ce serait donc faire preuve de justice que de ---dir---e : Mohand Arab-Jacques Bénet comme on dit Erckmann-Chatrian
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كما ترون فان الرسالة عادية بين باحث جزائري و باحث فرنسي ينشطون في نفس المجال الثقافي لكن أنصار الجهل المقدس يتعمدون تضخيم الأشياء وتحوير الكلام عن موضعه لإثارة الفتن ونشر فلسفة الكره ضد الذين يدافعون عن الهوية الامازيغية سياسة الكره التي ركبها نظام بومدين في عقول الجزائريين وما يزال يروجها بعض مرضى النفوس من القوميين البعثيين لكن هيات هيات ان تستطيع البعوضة ان تهز النخلة الشامخة ولن يستطيع العروبيست المساس بابطال ومناضلي الهوية الامازيغية تذكروا ان للحصن الامازيغي حراسه و زمن الكذب على تاريخنا قد انتهى وسنفضح كل أكاذيبكم
قالت البعوضة للنخلة تماسكي فاني اريد ان اطير وادعك
قالت النخلة:
والله ما شعرت بك حين هبطت علي فكيف اشعر بك اذا طرت
ملاحظة
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2 septembre 2020

Les derniers moments avec Krim Belkacem

«Les derniers moments avec Krim Belkacem»
Dans cet entretien réalisé par Jean-Jacques Odier, de la Revue Initiatives et changement, Bernard Golay apporte de nouveaux éléments dans l'affaire de l'assassinat du chef de la Révolution algérienne, en Allemagne.
Cette année, l'Algérie fête le Cinquantenaire de son indépendance. Du côté de la France, qui n'avait pas été invitée à la cérémonie officielle, on est resté très discret. Comme le dit l'historien René Gallissot, «la commémoration de cette date est un peu hypocrite. Pour effacer la Guerre d'Algérie qui a été horrible, pour ne pas parler de l'indépendance qui a été accordée, on préfère parader sur la coopération». Le traité d'amitié renvoyé aux calendes grecques, la mémoire de la guerre restant soigneusement sous l'oreiller -le peu d'enthousiasme affiché par le Président Hollande dans ses voeux à la nation algérienne en témoigne - on est un peu gêné des deux côtés.
Toujours est-il que le 18 mars 1962, date de la signature des accords d'Evian, marque une rupture nette. La France quitte sur la pointe des pieds son passé colonialiste, un grand peuple d'Afrique acquiert son indépendance chèrement payée.
Alors que des mouvements, aussi phénoménaux qu'inattendus, font souffler depuis plus d'un an un vent de liberté parmi les peuples du Sud de la Méditerranée, il n'est pas sans intérêt de relater un épisode resté pratiquement inconnu concernant la préparation, du côté algérien, des accords d'Evian.
Je me trouvais récemment chez un ami que je n'avais pas revu depuis plus de quarante ans et qui m'avait invité à déjeuner. Suisse d'aspect tranquille, qu'il faut pousser un peu pour qu'il accepte de parler de lui, Bernard Golay est industriel et globe-trotter, originaire de la Vallée de Joux.
J'avais connu Bernard peu après la guerre alors que nous nous étions engagés tous deux au sein des équipes du Réarmement moral (connu aujourd'hui sous le nom Initiatives et Changement). Il montrait alors un intérêt passionné pour les événements internationaux et faisait preuve de beaucoup d'initiatives dans ses contacts avec le monde politique ou syndical. Il avait d'ailleurs connu,,dans les années cinquante, quelques-unes des personnalités tunisiennes et marocaines qui ont contribué de façon directe au processus d'indépendance de leurs pays.
Une table porte-bonheur
Quand j'arrive chez lui, Bernard Golay m'installe dans sa salle à manger avec ces mots:
«C'est sur cette table qu'ont été préparés (les accords d'Evian!». Je reste incrédule! Pouvais-je en rester là? Je lui demande donc s'il serait prêt à me relater les événements auxquels il a été mêlé. Il le fait de bonne grâce, sensible à l'idée que ce récit pourrait intéresser des Algériens avec lesquels il est toujours resté en contact. Je transcris donc ces faits tels qu'il me les a racontés. Il est dommage que je ne puisse pas reproduire son bon accent vaudois, paisible, qui contraste avec les risques courus à l'époque par l'intéressé.
J.J.O.: Quel lien y a-t-il entre cette table de salle à manger et les accords d'Evian?
Bernard Golay: Au début des années soixante, alors que je m'étais installé à Lausanne, que je m'étais marié et que j'avais démarré une entreprise d'horlogerie, je me suis trouvé en contact avec de jeunes Algériens qui faisaient, en même temps que mon épouse d'ailleurs, des études à l'université. Ils étaient manifestement des militants nationalistes, désireux de travailler à l'indépendance de leur pays. Une amitié s'est peu à peu instaurée entre nous. Ils venaient souvent prendre le repas dans notre appartement. Et ils étaient touchés que nous nous intéressions à la situation de Leur pays.
Nous comprenons peu à peu que les étudiants avaient informé les dirigeants de l'insurrection algérienne de mon existence, car un soir deux d'entre eux amènent chez nous, en janvier 1962, un homme un peu plus âgé, qui me prend discrètement dans un coin de la pièce et me demande: «Etes-vous d'accord de recevoir le patron?» Je réponds oui, mais qui est le patron? Il me donne alors le nom de Krim Belkacem, un des chefs historiques de l'insurrection algérienne, vice-président et ministre des Affaires étrangères du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne, installé à Tunis). Je découvre du même coup que mon interlocuteur s'appelle, lui, Mourad Terbouche, et qu'il avait été désigné chef de cabinet de Belkacem. Terbouche m'explique que Krim est arrivé le soir même en Suisse et qu'il souhaite trouver un lieu discret où il pourrait travailler sur des documents importants. Il me demande: «Seriez-vous prêt à me conduire à Berne pour aller chercher Belkacem?». Je donne mon accord.
Ainsi tu t'engageais dans une démarche tout à fait nouvelle, ne sachant probablement pas où elle te mènerait? Surtout avec un personnage aussi exposé et explosif que Belkacem.
C'est vrai. Terbouche me précise que Belkacem avait été reçu à Rabat par le roi Hassan II et qu'il venait d'arriver en Suisse.
Le lendemain matin, je prends la route de Berne avec ma voiture. Terbouche m'accompagne. Pour éviter que ma voiture ne soit identifiée par les policiers ou les journalistes qui devaient sans doute sunieiller la maison où Krim était arrivé la veille au soir - c'était en fait une ambassade officieuse du GPRA, tolérée par les autorités suisses - nous parquons la voiture près du casino et c'est à pied que nous traversons l'Aar par le pont qui conduit au quartier des ambassades.
Mon passager clandestin
Arrivé devant la maison, je vois l'homme qui nous attend devant la porte. En toute discrétion, une voiture nous emmène, Belkacem et moi - Terbouche reste lui-même à Berne - à l'endroit où ma voiture est parquée et je repars sans tarder avec mon passager clandestin. Tout avait donc été parfaitement organisé pour garantir la sécurité du représentant officiel du GPRA, qui allait être chargé de négocier avec les émissaires du gouvernement français et du Président de Gaulle.
Nous roulons jusqu'à Lausanne sans être suivis. Tout au cours du trajet, nous discutons, une sympathie s'installe entre nous et surtout une confiance réciproque.
Tout cela était quand même bien risqué?
La question de confiance est fondamentale. Si Krim se risquait à me donner sa confiance, il était impératif que je fasse de même.
Ma femme et moi l'accueillons donc dans notre appartement et lui proposons une chambre. En fait, il passera quinze jours chez nous. Nous lui laissons même notre chambre et ma femme et moi nous installons sur des lits de camp ou même allons loger à l'hôtel!
J.J.O.: Et il restera seul chez vous pendant tout ce temps?
B.G.: Non, chaque jour il recevra des représentants des wilayas - les unités territoriales du FLN en Algérie - et des représentants du Front en France, en Tunisie et au Maroc. Il s'agit pour eux de préparer les documents qui stipuleront les exigences algériennes en vue des accords qui doivent être conclus entre la France et le GPRA. Mou-rad ne participait pas lui-même aux réunions; il assurait la sécurité et communiquait avec l'extérieur. Il y avait une discipline remarquable, personne n'est venu distraire les participants.
Et comment gériez-vous, Martine et toi, cette situation pour le moins incommode?
Durant cette période, nous maintenons nos activités habituelles tout en assurant l'intendance de nos hôtes qu'il faut nourrir afin d'éviter qu'ils ne sortent pour aller manger!
S'il faut en juger par le repas que vous venez de me servir, je suis sûr que vos invités ont dû apprécier la savoureuse gastronomie de Martine.
Marine Colay
Vous me flattez!
Le cloisonnement était de rigueur
B.G.: A part les repas, la table de la salle à manger sera donc, pendant ces quinze jours, le support d'un travail acharné qui se fait du matin jusqu'à tard le soir. Nous ne demandons jamais leurs noms aux compagnons de Krim. Ils s'identifient eux-mêmes par des surnoms - le maître d'hôtel, le grippé, par exemple. Nous ignorons totalement où ils se rendent en sortant de chez nous. Peut-être que les étudiants avaient pris soin de leurs déplacements ou qu'ils étaient logés chez des sympathisants à leur cause. Le cloisonnement était de rigueur. Notre téléphone n'a jamais été utilisé pendant cette période. Nous n'intervenons pas non plus dans leurs travaux, mais j'ai des conversations très ouvertes avec Krim sur son passé et sur l'avenir de l'Algérie. C'était en général entre minuit et trois heures du matin!
Le va-et-vient de ces hommes ne risquait-ils pas d'être remarqué par votre voisinage?
Non. Krim n'est jamais sorti de chez nous pendant ces quinze jours. Et ses visiteurs n'entraient et ne sortaient que discrètement, un par un. Il y avait d'ailleurs une station-service au pied de notre immeuble, ce qui entretenait une certaine circulation dans le quartier. Il n'était pas question que nos visiteurs se prêtent à des rencontres à l'extérieur, car immédiatement il y aurait eu la presse et tout un bazar!
Mais vos parents, vos amis, ne se sont-ils jamais trouvés face à face avec vos visiteurs inhabituels? Aucune question posée par un voisin?
Non. Nos parents ne venaient pas nous voir. C'est nous qui allions chez eux. Personne ne nous a jamais posé de questions. A la fin de leur travaux, nos hôtes nous ont quittés comme ils étaient venus, en toute discrétion.
Vers les négociations
Tout cela a duré jusqu'au jour où Krim est parti aux Rousses, petite commune à la frontière franco-suisse dans le Jura, pour rencontrer les émissaires du gouvernement français. Puis, avec l'agrément des autorités françaises, il s'est rendu au château d'Aulnoy, près de Melun, pour rencontrer les cinq dirigeants du FLN qui avaient été kidnappés par la France, leur vol vers le Maroc ayant été détourné. Il devait absolument obtenir l'accord de chacun des cinq prisonniers, dont Ben Bella.
Il a dû certainement se rendre à Tunis,. siège du GPRA, puis à Rabat, où résidaient son épouse et ses enfants. Il aura sans doute aussi rencontré le roi Hassan II pour l'informer de l'état des négociations. Il a été en contact suivi avec le diplomate suisse Olivier Long, qui a organisé les rencontres secrètes entre les deux parties. A partir de ce moment-là, Belkacem et ses compagnons seront considérés comme les délégués officiels du GPRA et seront installés dans une villa au Signal-de Bougy, au-dessus de Rolle, d'où ils seront emmenés chaque jour en hélicoptère vers Evian.
Veille de signature
Je n'ai pas revu Krim pendant les négociations, mais je lui ai écrit une lettre et ai reçu une réponse de lui datée du 17 mars 1962, c'est-à-dire la veille même de la signature des accords, dans laquelle il me disait ceci:
Deux mots pour te dire combien j'ai été touché de recevoir ta gentille lettre qui me rappelle le très bon souvenir de mon dernier séjour chez toi. (...) Merci d'avoir pensé une fois de plus à ma sécurité et à ma protection. De ce côté, je suis en sûreté. Les amis suisses remplissent admirablement bien leur mission. L'Algérie ne l'oubliera jamais. Je te suis, cher Bernard, très reconnaissant pour ton appui constant à ma personne car, à travers mon humble personne, tu soutiens l'Algérie. Notre cause est celle de tous les hommes épris de justice. La cause du droit, de la justice, de la dignité et de la liberté sans laquelle l'homme n'a pas sa raison d'être. Voilà donc l'idéal qui nous anime et la victoire est certaine. Il est une heure du matin, de retour de la conférence, fatigués par la suite d'une journée très chargée. Le travail avance, nous ne sommes pas loin de la fin. Une fin positive. -
Dans le même envoi, Krim écrit aussi à Martine, avec ces mots: «J'ai pu lire dans ta pensée et le tréfonds de ton coeur les joies et les peines que tu partages avec tout le peuple qui lutte et qui souffre, le coeur palpitant, pour la liberté, le bien-être et la justice sur la terre.»
«Bientôt sonnera la paix sur cette partie de l'Afrique, et l'Algérie, qui est en train de saigner depuis plus de sept ans, se rétablira de sa blessure, pansera ses blessures et se mettra en marche pour se reconstruire.»
Quelles lettres magnifiques! Surtout venant d'un homme qui a exposé sa vie depuis plus de sept ans et qui a marqué l'histoire de son pays? Quelle sorte d'homme était Krim Belkacem?
C'était un homme très simple, désintéressé et qui aimait ses semblables. Je suis certain qu'il n'avait aucune ambition politique pour lui-même. Ce qui lui importait, c'était le destin du peuple algérien.
Je me sentais très proche de lui; le massif montagneux - le Djebel - de la Kabylie, dont il était originaire - les soldats français appelaient Krim, leur farouche adversaire, «le Lion du Djebel» - doit avoir des points communs avec ma Vallée de Joux et le Jura!
Pourquoi a-t-il été le seul signataire algérien des accords d'Evian?
Une position courageuse
Parce qu'il était le seul membre du GPRA en liberté et susceptible d'être agréé par la France. A ce titre, il engageait le GPRA et tout le peuple algérien par sa seule signature. Mais avant de signer, Krim a tenu à ce que tous les responsables de la Révolution algérienne expriment leur pleine adhésion aux clauses des accords. Sinon, il ne signerait pas. Mais il est vrai qu'il prenait là une position courageuse et risquée.
Après les accords, les divisions entre dirigeants algériens ont été agitées et même meurtrières. Quelle a été la position de Krim après l'Indépendance?
Après la signature des accords, Krim Belkacem est revenu plusieurs fois chez nous. Une rencontre a notamment eu lieu avec Mohamed Boudiaf qui avait été libéré avec les autres dirigeants algériens prisonniers au château d'Aulnoy. C'est lors de cette rencontre que nous avons pu nous rendre compte de l'ampleur et de la gravité des luttes pour le pouvoir. Le jour même de la signature des accords, Ben Bella et les autres dirigeants arrivaient à la villa du Signal-de-Bougy pour rejoindre les négociateurs. Le responsable suisse de la sécurité était alors le commandant de la police vaudoise, René Huber. Interrogé bien plus tard sur ces événements, ce dernier s'était vu demander par un journaliste: Un visage plus qu'un autre vous a-t-il marqué?» «Oui, a-t-il répondu: celui du Kabyle Krim Belkacem. Il se distinguait des autres. Il me paraissait ardent patriote.»
Tous les membres de la délégation et les autres dirigeants sont retournés ensuite à Alger où avait débuté une âpre lutte pour le pouvoir. Ben Bella devint le premier Président avec le soutien de Houari Boumediene, chef de l'Etat-major de l'Armée de libération nationale (ALN). Krim, pour sa part, est devenu député à l'Assemblée constituante.
Il entrait ainsi dans le jeu politique normal?
Normal, pas du tout, puisque l'encre des accords d'Evian était à peine sèche que les jeux d'alliance et les manoeuvres occultes avaient déjà pris le pas. Deux mois plus tard, le 27 mai 1962, le Conseil national de la Révolution algérienne se réunit à Tripoli pour, en principe, entériner les termes des accords d'Evian. L'ordre du jour est rapidement débordé. Un document préparé à l'avance par Ben Bella et ses acolytes impose le régime socialiste dur comme modèle de développement et le parti unique comme système politique.
Les luttes de clans durent plusieurs mois tandis que la population algérienne, ignorant superbement les affrontements, consacre le 1er juillet par référendum et avec 99,72% de oui l'indépendance de l'Algérie et libère sa joie. Mais les luttes entre clans ne faiblissant pas, Krim Belkacem se retire en Kabylie et crée un mouvement d'opposition au coup de force de Ben Bella. Il est vite dépassé par les événements. Il démissionne de l'Assemblée constituante le 6 septembre 1963 en exprimant ses raisons dans une lettre ouverte au Président de l'Assemblée qui est un appel à la raison adressé au peuple algérien. Il revient à Lausanne où il se lance dans les affaires.
Je mets à sa disposition un pied-à-terre à l'avenue de la Gare, car il se déplace beaucoup. C'est durant cette période que je lui fais rencontrer l'écrivain et journaliste Yves Courrière. Ils travaillent plusieurs jours ensemble pour mettre au point les quatre volumes dans lesquels Courrière retrace en détail la Guerre d'Algérie. Je mets aussi Krim en contact avec des syndicalistes de haut rang Il se rend souvent en Allemagne et surtout en France où il avait gardé des contacts avec certains des négociateurs dont le ministre Robert Buron. A Genève il maintient des relations suivies avec le célèbre chroniqueur René Payot et avec l'ambassadeur Olivier Long, qu'il avait connu quand il était au Signal-de-Bougy.
Durant ces années j'ai pu assister Krim en recevant du courrier pour lui et en tapant à la machine des communiqués que je faisais parvenir aux rédacteurs en chef des organes de presse qu'il m'indiquait.
Une activité particulièrement débordante?
Ce n'est pas tout. Krim avait pris une participation dans une bijouterie à Alger, aussi ai-je pu le présenter à la direction d'une des grandes maisons d'horlogerie suisses qui lui fit le cadeau d'une montre et lui accorda la représentation de la marque en Algérie. Il a pris aussi une participation dans un restaurant à Paris. Il faisait tout cela pour soutenir des amis proches ou des parents. Il avait le souci du développement de l'économie algérienne et de sa modernisation.
Mais, pendant tout ce temps, Krim était très mécontent de ce qui se passait en Algérie avec le coup d'Etat de Boumediene qui avait remplacé Ben Bella à la Présidence. Krim estimait que les accords d'Evian n'avaient pas été respectés, surtout en ce qui concerne les droits démocratiques. C'est ce qui l'a incité à créer avec ses partisans te Mouvement démocratique du Renouveau algérien (MDRA) après l'assassinat de Mohamed Khider, un des chefs historiques de la révolution et détenteur du Trésor du FLN, abattu à Madrid en juillet 1967. Dès lors l'activité politique reprend le dessus accompagnée de mesures de protection. Lors de ses séjours en Suisse, Krim bénéficiait d'une autorisation de séjour et prenait soin d'aviser la police fédérale de ses arrivées.
Le 10 octobre 1970, un samedi matin, nous recevons un coup de téléphone d'une personne inconnue qui demande où il peut atteindre Krim Belkacem. L'interlocuteur précise qu'il se trouve en Allemagne et que c'est urgent.
Dans l'après-midi, Krim m'appelle de Genève, me laisse un numéro de téléphone et demande que ce correspondant l'appelle à 18 heures. Les lundi et mardi suivants, Krim débarque à mon bureau et reçoit des appels téléphoniques d'Allemagne. Le mercredi, il revient avec un billet d'avion pour Francfort et me demande de le conduire à Genève. Je le laisse à l'hôtel d'Angleterre où il a déjà séjourné. Comme il n'a pas envie de voyager la nuit, il décide de partir le lendemain.
Dernier signe de vie
Le samedi suivant, 17 octobre, Krim nous téléphone. N'étant pas moi-même à la maison, c'est Martine qui répond. Krim dit qu'il est à Düsseldorf et qu'il va se rendre à Francfort. «Je rappellerai demain, si je peux» conclut-il. Cela a été son dernier signe de vie.
Le lundi suivant, je reçois un coup de téléphone d'Yves Courrière qui me demande où est Krim. Je lui réponds qu'il est à Francfort et j'entends Yves s'écrier: Ah, les salauds!». Il me dit avoir appris par un communiqué de presse que le corps d'un homme non identifié - car aucun papier n'a été trouvé sur lui - a été découvert dans une chambre de l'hôtel Intercontinental. Le médecin constate que l'homme a été anesthésié et étranglé avec sa ceinture et une cravate. La police allemande me contacte et peut alors identifier la victime. Par la suite, son fils venu d'Alger confirmera qu'il s'agit bien de son père. Une commission rogatoire de la police criminelle allemande viendra à Lausanne pour m'interroger. Trois semaines plus tard, les objets et documents votés sont retrouvés dans un casier à la gare de Francfort. J'ai reçu les copies des fiches d'hôtel des assassins et j'ai informé les amis de Krim de ces détails. J'ai été prié de prendre soin des funérailles pour un premier ensevelissement au cimetière de Francfort.
Beaucoup plus tard, les autorités algériennes ont fait transporter le corps à Alger où il repose avec les autres dirigeants décédés. Il a connu le sort de beaucoup d'autres dirigeants algériens, qui ont étaient éliminés. C'est ainsi que Ben Bella et plus tard Boumediene traitaient leurs adversaires politiques. Sa famille ainsi que Martine et moi-même avons perdu un être très cher. Il nous manque ainsi qu'à sa Kabylie natale et à son pays.
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1 septembre 2020

Mouloud Mammeri et l’indépendance Canarienne

Mouloud Mammeri et l’indépendance Canarienne
Antonio Cubillo Ferreira
Je voudrais vous parler de l’influence de Mouloud Mammeri sur un jeune mouvement de libération : le MPAIAC (Mouvement pour l’autodétermination et l’indépendance de l’archipel Canarien).
Je suis arrivé à Alger en octobre 1963 comme réfugié politique, après avoir posé le problème du colonialisme aux Canaries devant le FLN, et avoir reçu l’autorisation de m’installer en Algérie en tant que représentant des révolutionnaires Canariens. Le premier contact avec la révolution algérienne a eu lieu à Moscou. À mon départ en exil, en juin 1962, je m'étais rendu pour assister au Congrès de la paix, présidé par Khourouchtchev. C'est précisément ce jour-là, le 5 juillet 1962, que nous a été communiquée, dans un atmosphère de fièvre et de joie, la naissance de la république algérienne démocratique et populaire. Nous avons applaudi vingt minutes durant, debout, avec les délégués algériens, représentants l'une des plus grande révolutions anticoloniales des temps modernes. Il va sans dire que les délégués algériens à Moscou m'ont invité à m'installer en Algérie car nous étions tous des Africains à part entière et la glorieuse révolution algérienne était aussi une victoire pour tous ces Africains qui combattaient le colonialisme .
Après avoir entrepris des démarches et contacts administratifs, j’arrivai donc en octobre 1963 à Alger. Dès le lendemain je me suis présenté à l’université d’Alger pour un travail au département d’espagnol. Immédiatement ce poste m’a été attribué. Le troisième jour après mon arrivée j’enseignais aux étudiants algériens du département d’espagnol, récemment créé. Précisément ce troisième jour j’ai eu l’honneur de connaître Mouloud Mammeri qui dispensait des cours d’ethnographie dans le même bâtiment de la faculté des lettres où je travaillais. Je peux dire que de ce premier contact est née une amitié étroite qui s’est développée par la suite à la fois dans le domaine de la recherche scientifique et dans le domaine politique. Sur le plan personnel, cette rencontre a eu une grande influence sur ma propre formation africaniste, me permettant de créer de nouvelles bases solides afin de transformer notre premier mouvement autonomiste Canarien qui devint par la suite le MPAIAC.
La longue nuit coloniale de cinq siècles, telle une pierre tombale écrasant la conscience de notre peuple Guanche, avait influé sur les premiers indépendantistes Canariens qui avaient commencé la lutte en 1960. L’Espagne avait fait tout son possible pendant ces cinq siècles pour que notre peuple rompe tous les liens avec notre continent africain. La méconnaissance du monde africain aux Canaries était terrible dans les années 60, coexistant avec le facteur du racisme qu’il y avait envers les Maures en particulier, et les Africains en général, et dont les répercussions retentirent
jusqu’aux Canaries. Bien que nous sachions que les Guanches venaient de ce continent, l’acculturation qui nous a été imposée par l’Espagne durant cette période était un facteur négatif entraînant de profondes influences aux Canaries.
Ainsi le début du siècle dernier verra la formation des premiers mouvements indépendantistes en Amérique qui échouèrent par ignorance du contexte africain. Il faut noter d’autre part, que c’est à partir des années 50 que l’impact de la grande vague anticoloniale allait mettre fin au colonialisme. En ce qui nous concerne, des informations fragmentées nous parvenaient. Il est notoire que le colonialisme espagnol avait intérêt à tergiverser
et à occulter la vérité au sujet de ces luttes de libération, comme il l’a fait pour les révoltes sahraouies en 1956. C’est ainsi qu’il présenta la contre-offensive franco-espagnole comme une croisade contre les dangers maure et africain.
Je vous signale tous ces aspects pour vous donner une idée des problèmes qu’en ces années-là, j’avais exposés à mon bon ami et collègue Mouloud Mammeri. Après m’avoir écouté attentivement, Mouloud m’avait invité à me rendre chez lui à Taourirt, dans sa colline des Aït-Yenni. Ce fut un voyage extraordinaire et pour la première fois, je fis connaissance avec la Kabylie par le biais d’un expert. C’était la Kabylie de 1963 qui venait de sortir d’une guerre de libération, encore pleine de foi et d’espérance en
l’avenir. Par les routes de montagnes il m’expliquait les étapes de la lutte de libération, les souffrances et combats du peuple algérien, sa résistance contre le colonialisme et les caractéristiques particulières de la glorieuse lutte en Kabylie contre le colonialisme français depuis les temps de la conquête. En cours de route, apparaissaient des noms de villages et de lieux qui me rappelaient des toponymes Canariens. Mouloud m’expliquait leur signification et nous les comparions avec ceux des Canaries, et de cette manière il m’expliquait la structure de la langue tamazight. De la toponymie nous sommes passés à l’ethnographie de la société berbère, cette société qui a résisté tout au long des siècles aux diverses colonisations.
Mouloud m’a parlé alors de l’anthropologie culturelle et de l’importance que nous avions nous autres Canariens, à connaître notre passé et notre origine ancestrale. Le problème, lui dis-je, est que notre peuple, à cause du colonialisme avait perdu sa langue.
<< Peu importe, me dit-il, vous êtes des Berbères même si maintenant vous ne parlez pas la langue ; de prestigieux Berbères comme Donati, saint Augustin, Tertullien, Apulée,
qui pourtant parlaient en latin ; Septime Sévère qui devint empereur, s’exprimait également en latin et pourtant il était berbère. Ibn Khaldoun, parlait, s’exprimait et écrivait en arabe ou Kateb Yacine en français, mais cela n’empêche pas qu’ils étaient de grands penseurs berbères. Un jour viendra, quand vous serez libres et indépendants, où vous introduirez la langue des aïeux, et les nouvelles générations la parleront dans un proche avenir. Jean
Amrouche disait, qu’il concevait et raisonnait en français mais qu’il ne pouvait pleurer qu’en berbère. Vous m’avez dit que vous pensez en espagnol et écrivez en cette langue, mais quand vous écoutez la musique, vous vous émouvez à l’écoute de la berceuse comme un enfant Guanche ou quand vous écoutez un chant traditionnel, votre corps danse comme un Guanche parce que ce sont des musiques du peuple Guanche, n’est-ce pas ? En Afrique du Nord nous sommes plus de 20 millions à parler tamazight, et la Tamazgha s’étend des îles Canaries jusqu’au canal de Suez. L’important n’est pas la langue mais la conscience qu’on a d’appartenir à un peuple. Un jour on va te présenter Kateb Yacine, l’un des plus grands écrivains modernes. Il écrit en français, il ne parle pas le berbère pour diverses raisons, mais il se sent Chaoui et nous le considérons comme l’un des plus grands écrivains berbères de notre temps. Quand il reviendra en Algérie, nous allons lui enseigner le tamazight puisqu’il a déjà conscience d’appartenir à notre peuple et pense comme un Berbère. >>
Quelques années plus tard, Mustapha Ben Hamou me présenta à Kateb Yacine que nous avons emmené au CRAPE pour que Mammeri réalise son souhait.
De retour à Alger, Mouloud me prêta deux de ses livres : La Colline Oubliée, sa Taourirt, et une étude. Société berbère, publiée en 1938 alors qu’il avait à peine vingt ans. Cette étude était très importante pour moi puisque j’y ai trouvé de grands parallélismes, avec la société de quelques
villages Canariens et cet esprit de résistance qui subsiste dans le monde Canarien. M. Mammeri, en se faisant ethnologue de sa propre société, met les connaissances qui l’avaient séparé de sa propre culture, au service de
son peuple et par extension, au service du monde berbère. Dans ses deux livres, il découvre le rôle traditionnel de l’amusnaw, des poètes et des chanteurs de rues, dépositaires du savoir de tout un peuple tamusni. Cet
amusnaw existe aussi aux Canaries, et avec ses poèmes et chants populaires, il a conservé pour les générations nouvelles, le souvenir de notre peuple Guanche et ses luttes de résistance. Il va sans dire, qu’il m’a transmis
son enthousiasme pour l’ethnologie et dès que j’ai pu je me suis inscrit à son cours d’ethnographie de l’Afrique du Nord jusqu’à obtenir le diplôme correspondant.
Ce qui m’a plu le plus chez Mouloud, après avoir lu ses deux premières œuvres est qu’il a maintenu ses idées et ses convictions depuis sa jeunesse et qu’il a consacré toute sa vie à son peuple, qui est notre peuple à nous tous. En ce temps-là (1963), Mouloud essayait de convaincre les responsables du ministère de l’Éducation, de l’importance d’enseigner la langue berbère à l’université. Quelques-uns se rappelleront tous les problèmes qui ont surgi, car le ministère s’y refusait, affirmant que le berbère n’était pas une langue et par conséquent ne méritait pas d’être enseigné. Les amis de Mouloud et presque tous les collègues de l’université ont entrepris une longue lutte pour arriver à faire admettre l’enseignement du berbère, en
dénonçant les secteurs immobilistes. Cette lutte anti-Mammeri a fait que je me joignis à son combat et le considérai comme mien puisque j’étais moi-même l’une des personnes intéressées par l’enseignement de la langue tamazight dans les universités algériennes. Nous savions que l’ancestrale langue de l’Afrique du Nord, le tamazight ou le berbère était enseignée dans presque toutes les universités européennes, aux USA et au Japon, et nous ne comprenions pas comment sur les lieux mêmes où elle se parlait en Afrique du Nord, origine de la langue et culture berbère, elle n’était ni enseignée ni étudiée.
Avec le temps, nous sommes arrivés à ce que soient donnés à l’université d’Alger les dits cours, jusqu’en 1973. J’ai assisté aux magistrales leçons de Mouloud, leçons qui m’ont beaucoup servi dans mes études sur le Guanche et qui ont donné lieu à un changement radical dans les travaux culturels et politiques de ce qui est devenu plus tard notre mouvement de libération nationale. De toute façon dès le début de l’année 1964, Mouloud insistait pour que notre premier mouvement autonomiste se transformât en un mouvement de libération africain. Il était nécessaire de faire ressortir le facteur africain et parler de l’autodétermination et de l’indépendance et encore plus après la création de l’OUA. Toutes ces réflexions je les transmettais à mes compagnons qui étaient restés aux Canaries, et en même temps j’envoyais des douzaines de livres et revues, des publications du musée du Bardo que me procurait Mouloud pour que l’on prenne conscience, aux Canaries, du facteur africain et pour que soit étudiées les racines. Dans toutes les publications du musée du Bardo et du CRAPE (Centre de recherches anthropologiques préhistoriques et ethnographiques)
Mammeri insistait sur l’aspect culturel de la lutte de libération. Pour cela il m’a procuré une grande quantité de livres publiés à Alger, pour que les centres universitaires et culturels Canariens eussent toutes ces publications et
attisassent leur intérêt pour tout ce qui est relatif à notre continent africain, l’Afrique du Nord en particulier et la Berbérie en général. L’essentiel pour le peuple Guanche en ces moments-là était de trouver un trait d’union qui le lie à son passé ancestral qui est présent ici, sur le continent, dans cette partie de l’Afrique du Nord.
<< Il faut faire découvrir à ton peuple le sens de la continuité historique parce que les Espagnols ont essayé d’effacer sa mémoire historique. Les colonisateurs ont toujours essayé d’effacer la mémoire historique des peuples pour les abrutir et mieux les dominer. Un peuple sans conscience historique n’est pas un peuple ou si tu veux c’est un peuple analphabète. Le devoir des intellectuels et des hommes politiques engagés dans la lutte de libération est de leur enseigner leur histoire et réveiller leur conscience historique pour qu’un jour ils se lèvent et luttent pour leur patrie soumise. >>
Nous autres Canariens, sommes très reconnaissants à tout ce qu’avait fait Mouloud pour nous en ces années-là. De ces envois de livres et contacts culturels surgit un grand intérêt pour tout ce qui venait de l’Algérie et de
l’Afrique du Nord en général. Grâce à ces livres beaucoup d’étudiants sont aujourd’hui des professeurs africanistes. Mouloud savait ce qu’il faisait et comment cela devait se faire puisqu’il voyait très loin. Moi j’étais d’accord
sur ses vues en faveur de la libération de cette partie de l’Afrique du Nord que sont les Canaries. Mouloud insistait continuellement sur la personnalité africaine et fut un grand défenseur des idées qui ont cimenté l’organisation
de l’unité africaine. Il fallait redécouvrir les cultures africaines et les ethnies pour que cette phrase du grand leader africain Massinissa << l’Afrique pour les Africains >> devint une réalité. Quand, plus tard, je l’aidais dans ses
travaux au CRAPE, avec d’autres amis algériens (certains se trouvent aujourd'hui ici) pour trouver beaucoup de mots berbères qui avaient disparu du kabyle et qui par exemple se trouvaient dans ce qui reste de la langue Guanche comme efeken (temple) ou awanak (nation ou république) ou usan sufen (bonjour). A ce centre d’investigation ont défilé beaucoup d’intellectuels touaregs, venus de Libye, du Mali, du Niger, du Burkina Faso ou du Nigeria. Peu à peu se propageait à travers l’Afrique du Nord la nouvelle qu’à Alger se préparait l’élaboration d’un dictionnaire pan-berbère l'Amawal. Du Maroc, de Libye, du Niger et du Mali arrivaient des personnes intéressées par les dits travaux et cela nous servait à découvrir une nouvelle solidarité ethnique qui couvrait toute l’Afrique du Nord. Cela
signifie que dans toute l’Afrique du Nord et au-delà du Sahara, il y avait une culture nationale qui n’était pas du folklore, mais une série de gestes et faits culturels réalisés par un peuple divisé par des frontières et des colonisations, qui s’est maintenue tout au long des millénaires. Mammeri me disait qu’une grande partie de la musique qui, en Algérie était dite arabe, était en réalité de la musique berbère mais chantée en arabe comme aux
Canaries la musique Guanche était chantée avec des paroles espagnoles. Dans les recherches sur le terrain, Mouloud emmenait les élèves pour une vérification pratique car ce qu’il disait il le démontrait toujours. Nous vérifions ces faits et cela nous donnait une garantie intellectuelle pour renforcer nos affirmations. Ainsi donc nous avons formé des équipes dans lesquelles étaient présents des chercheurs de divers pays d’Afrique du Nord
pour élaborer l'Amawal.
En octobre 1964, Mouloud m’a conseillé de me rendre à la réunion des pays non alignés qui a eu lieu au Caire. Ainsi j’aurais l’occasion de discuter avec les leaders des différents mouvements de libération africains. Le FLN m’a facilité le déplacement, ce qui m’a permis de connaître tous les dirigeants des peuples en lutte contre le colonialisme et l’Apartheid, tels que Agostinho Neto, Cabrai, Moudiane et les combattants de l’Afrique du Sud.
Ils m’ont tous dit que tout combat de libération est, avant tout, un combat culturel. Amilcar Cabrai a insisté sur ce point à plusieurs reprises et m’a dit qu’il fallait former immédiatement le mouvement de libération des Canaries pour lutter pour la totale libération de notre continent africain.
Frantz Fanon lui-même affirmait : << Nous pensons que la lutte organisée et consciente menée à terme par un peuple
colonisé pour rétablir la souveraineté de la nation constitue la manifestation entière de la culture. >>
J’ai ici un facteur fondamental de notre lutte que notre mouvement devrait développer au maximum, à savoir l’aspect culturel. L’investigation sur nos aïeux les plus lointains devrait se faire en Algérie et au Maroc et même en Libye, et cela était un aspect méconnu par nous, orphelins dans ces îles occupées depuis cinq siècles par le colonialisme espagnol, un des plus terribles du monde.
Je dois reconnaître ici, en l’honneur du grand maître, qu’en 1963-1964, l’administration de ce pays, à peine l’indépendance obtenue, ne fonctionnait pas encore, je suis resté une année entière sans percevoir mon salaire de professeur. Grâce à mon ami, collègue et maître Mouloud Mammeri j’ai pu survivre et bien sûr, en 1964, lorsqu’on nous eut payé l’année scolaire, j’ai remboursé ma dette. Durant tout le temps où j’ai eu l’honneur de partager l’amitié de Mouloud, je me suis rendu compte que le principal problème de notre peuple était la crise de l’identité culturelle et la conscience nationale.
Il fallait créer ou redécouvrir notre propre identité, pour l’approfondir dans la conscience nationale. Mouloud me disait que pour nous ce serait peut-être facile, puisque nous étions isolés dans la mer. Cela pourrait renforcer notre identité et nous n’allions pas rencontrer des problèmes comme les nouveaux pays africains qui, pour avoir hérité des frontières du colonialisme, englobaient des ethnies différentes et contradictoires, ce qui à la longue serait la disgrâce de l’Afrique. Mouloud était pour l’Afrique des ethnies, et non pour l’Afrique des États. Si dans une première étape il fallait admettre les États surgis de l’indépendance, il fallait reconnaître les différentes cultures des ethnies, puisque les différentes cultures qui coexistent doivent reconnaître que leur coexistence doit se baser sur un processus de participation mutuelle, d’expériences culturelles qui les enrichiront mutuellement. Après mon retour de voyage de l’OUA, j’expliquais à Mammeri les luttes qui survenaient dans quelques États africains ; Mouloud devenait triste et me
disait que chaque culture devait faire des sacrifices au profit des autres qui composent l’État, sans que l’une soit supérieure à l’autre ; l’unité culturelle et la conscience nationale doivent être affirmées par le développement des
langues nationales, sans qu’une langue soit étouffée par une autre.
En cela j’étais d’accord avec lui. Mouloud croyait que l’idéologie des nouveaux États africains était le fruit de la philosophie productiviste de la bourgeoisie européenne qui repose sur la notion sacro-sainte de la souveraineté de l’État avec son centralisme jacobin. L’Afrique devait adopter de nouveaux modèles pour éviter les luttes fratricides entre les ethnies, et les nouveaux États gagneraient en cohésion en renonçant au centralisme napoléonien et en donnant à chaque communauté culturelle ou ethnique une vie réelle et la possibilité de s’administrer et participer, à travers son propre et naturel développement, dans l’ensemble de la nation. En un mot, que le pouvoir central dans cette nouvelle nation jouerait le rôle de coordination, d’orientation et d’arbitre.
Je peux parler des heures et des heures de l’influence de Mouloud sur la formation et le développement de notre mouvement de libération, non seulement en Algérie, mais également quand je suis retourné dans ma patrie Guanche en 1985. Le contact était continu. Nous étions dans une nouvelle étape, qui était la lutte à l’intérieur de la colonie. Mouloud nous avait enseigné comment développer la clandestinité et poser le problème en tenant compte des changements dans la politique espagnole. Dès mon installation dans l’île de Tenerife, j’ai invité Mouloud à venir aux Canaries pour qu’il connût notre réalité et qu’il participât dans la mesure du possible à notre lutte.
J’ai pu enfin inviter chez moi, en janvier 1986, Mouloud, le professeur, ainsi que l’amie algérienne, Tassadit Yacine, et son mari. L’importance de cette visite de Mouloud aux Canaries est fondamentale pour le développement de notre nouvelle étape de lutte aux Canaries. La conférence qu’il y a donnée a été le début d’un échange culturel interrompu depuis des siècles avec l’arrivée des colonialistes espagnols. Il y a ici un autre orateur Canarien
qui vous exposera en détail demain l’influence de cette visite et comment à partir de cette date, a débuté une série d’échanges entre les Canaries, l’Algérie et le Maroc.
Vous ne pouvez pas imaginer ce qui est arrivé dans le salon de la cité universitaire « La Laguna », quand un auditeur très ému demanda à Mouloud Mammeri de réciter un poème en tamazight, la langue des ancêtres des
actuels Guanches. Les larmes coulaient, les gorges se serraient d’émotion et à la fin de longs applaudissements ont secoué les murs de la salle. Et de là, une nouvelle étape de la lutte culturelle de notre peuple surgit, une étape qui unira pour toujours les peuples Canariens et algériens et qui a réuni les îles au continent, tout cela grâce à notre lutte et à Da el-Mouloud, ce grand Algérien, ce grand Africain, ce grand ami, ce grand homme universel.
AWAL n°18 Cahiers d'études berbère 1998
Actes du colloques d'Alger 1992
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31 août 2020

La plate forme d'El Kseur

La plate forme d'El Kseur

 * lieu : la maison des jeunes Mouloud Feraoun d’El Kseur, Béjaïa

* date : 11 juin 2001

* élaboré par : les représentants des wilayas de : Sétif, Bordj Bou Arréridj, Bouira, Boumerdès, Bgayet, Tizi Ouzou et Alger, ainsi que par le Comité collectif des universités d’Alger

* objectif : ce texte devait être déposé à la présidence de la république, à l’issue de la manifestation du 14 juin 2001 à Alger * il s'agit du premier texte des coordinations des comités de villages de Kabylie suite à la révolte d’avril 2001

Texte Plate-forme de revendications d'El-Kseur Nous, représentants des wilaya de Tizi-Ouzou, Bgayet, Bouira, Boumerdes, Sétif, Bordj Bouareridj, Alger et le Comité collectif des Universités d’Alger, réunis ce jour 11 juin 2001 à la maison des jeunes Mouloud Feraoun d’El Kseur (Bgayet), avons adopté la plate-forme commune suivante :

* 01 : Pour la prise en charge urgente par l’Etat de toutes les victimes blessées et familles des martyrs de la répression durant ces événements.

* 02 : Pour le jugement par les tribunaux civils de tous les auteurs, ordonnateurs et commanditaires des crimes et leur radiation des corps de sécurité et des fonctions publiques.

* 03 : Pour un statut de martyr à chaque victime de la dignité durant ces événements et la protection de tous les témoins du drame. * 04 : Pour le départ immédiat des brigades de gendarmerie et des renforts des CRS.

* 05 : Pour l’annulation des poursuites judiciaires contre tous les manifestants ainsi que l’acquittement de ceux déjà jugés durant ces évènements.

* 06 : Arrêt immédiat des expéditions punitives, des intimidations et des provocations contre la population.

* 07 : Dissolution des commissions d’enquête initiées par le pouvoir.

* 08 : Satisfaction de la revendication amazighe dans toutes ses dimensions (identitaire, civilisationnelle, linguistique et culturelle) sans référendum et sans condition, et la consécration de tamazight en tant que langue nationale et officielle.

* 09 : Pour un Etat garantissant tous les droits socio-économiques et toutes les libertés démocratiques.

* 10 : Contre les politiques de sous-développement, de paupérisation et de clochardisation du peuple algérien.

* 11 : La mise sous l’autorité effective des instances démocratiquement élues de toutes les fonctions exécutives de l’Etat ainsi que les corps de sécurité.

* 11 : Pour un plan d’urgence socio-économique pour toute la région de Kabylie.

* 13 : Contre tamheqranit (hogra) et toutes formes d’injustice et d’exclusion.

* 14 : Pour un réaménagement au cas par cas des examens régionaux pour les élèves n’ayant pas pu les passer.

* 15 : Institution d’une allocation-chômage pour tout demandeur d’emploi à hauteur de 50 % du SNMG. Nous exigeons une réponse officielle, urgente et publique à cette plate-forme de revendications

. Ulac smaḥ ulac Gloire à nos martyrs Le combat continu

El-Kseur, le 11 juin 2001

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